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Sur le terrain

Emploi : PSA s’essaie au CDI intérimaire

Sur le terrain | Pratiques | publié le : 03.11.2015 | Mathieu Noyer

Le constructeur automobile rode sa méthode de mise en place du nouveau contrat avec son partenaire Manpower. Il reste prudent dans les objectifs.

Le mariage entre la flexibilité pour l’employeur et la sécurisation du parcours professionnel du salarié : c’est par cette double vertu du CDI intérimaire que PSA explique son choix de devenir l’un des premiers adeptes de ce contrat en vigueur depuis mars 2014.

Annoncée en septembre, l’initiative commence à prendre une forme concrète. Avec Manpower, son partenaire, le groupe automobile prépare le recrutement de 100 personnes pour son usine de Sochaux d’ici à la fin de l’année. Le site voisin de Mulhouse suivra en 2016 avec 100 autres contrats, avant une troisième vague équivalente en 2017, répartie sur plusieurs sites.

« Avec Manpower, nous travaillons à adapter le processus de recrutement aux spécificités du CDI intérimaire. Ceci implique un dialogue en amont, qui porte essentiellement sur deux points : la définition des besoins et la détermination du rythme d’embauche », décrit Bruno Bertin, responsable des affaires sociales France de PSA. Par rapport à un recrutement en intérim classique, le premier point se traduit « par le souci de valider auprès des candidats qu’ils sont prêts à accepter les dispositions nouvelles qu’introduit le CDI intérimaire », précise Bruno Bertin. En particulier le travail dans une autre entreprise du bassin d’emploi ou l’envoi en formation pendant l’intermission (la période entre deux missions chez PSA).

Polyvalence et mobilité

« Comme le candidat travaillera pour plusieurs entreprises d’un bassin d’emploi, il doit être ouvert à la polyvalence, avoir une appétence à se former régulièrement et à multiplier les expériences au sein de cultures d’entreprise différentes », confirme Jean-François Denoy, directeur général de Manpower France. Les formations viseront à « apporter un éventail de compétences permettant de détacher le salarié sur au moins trois emplois du bassin », ajoute-t-il. Celui-ci est défini par un périmètre de 50 km ou de 1 h 30 de route.

La recherche de candidats va aussi au-delà des profils habituels des postulants à l’intérim : le nouveau dispositif intéresse des personnes en recherche de CDI, observe Manpower France.

PSA, de son côté, pourra apporter de l’information sur les postes à pourvoir dans les entreprises environnantes, grâce à ses plates-formes territoriales de mobilité et de transition professionnelles (lire Entreprise & Carrières n° 1 230 et n° 1 260). « Elles ont instauré un dialogue durable avec les acteurs locaux de l’emploi », rappelle Bruno Bertin.

Quant à la cadence, PSA et Manpower visent 20 à 30 recrutements par mois. Nulle précipitation donc. Le constructeur l’explique par le souci de soigner l’intégration. Sa « politique des petits pas », comme la qualifie son responsable des affaires sociales, se confirme dans le nombre d’embauches visées. À Mulhouse, les 100 CDI intérimaires ne représenteront qu’une minorité des 750 postes d’intérim à créer pour le montage d’une équipe de week-end.

Le constructeur insiste sur le caractère expérimental, sur trois ans, du nouveau contrat : « Nous dresserons notre propre bilan avant de nous prononcer sur la pérennisation du dispositif, dans l’hypothèse où les pouvoirs publics autoriseraient sa poursuite », indique Bruno Bertin.

Ces trois années seront mises à profit pour vérifier si le nouveau contrat apporte bien un plus par rapport à l’intérim classique et s’il suscite vraiment l’intérêt des candidats.

Du côté des représentants des effectifs permanents, les avis oscillent entre refus et prudence. Pour Julien Wostyn, représentant CGT à Mulhouse, c’est « la précarité à tous les étages, la porte ouverte à la poursuite du zéro embauche en CDI ».

Franck Don, délégué central CFTC, voit un « pas en avant pour le statut de l’intérimaire, mais il faudra être vigilant sur le fait que le groupe n’en tire pas prétexte pour s’exonérer de créer des vrais CDI classiques. S’il faut corriger le tir, il sera nécessaire de faire appel au dialogue social ».

Auteur

  • Mathieu Noyer