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Chronique

Du côté de la recherche

Chronique | publié le : 03.11.2015 | Denis Monneuse

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Du côté de la recherche

Crédit photo Denis Monneuse

Le recrutement en 5 minutes chrono

Le recrutement subit bien des modes. L’une d’elles est le speed recruiting, calqué sur le speed dating. Puisqu’on peut trouver l’homme ou la femme de sa vie en cinq minutes chrono (plus rapide que La Redoute), pourquoi ne pas faire de même pour le collaborateur de ses rêves ?

Toutefois, échaudés par le coût d’une erreur de casting, les employeurs prennent trois précautions plutôt qu’une pour embaucher en CDI. Le speed recruiting ne constitue qu’une étape, il sert surtout de premier contact ou de première sélection.

Nous avons tous tendance à ne prendre que quelques secondes pour nous faire une opinion sur une personne. Il est d’ailleurs souvent dit que les recruteurs se feraient une idée sur un candidat en quelques minutes puis passeraient le reste de l’entretien à nuancer à la marge cette première impression. Dès lors, un entretien classique de recrutement ne ressemblerait-il pas à du speed recruiting déguisé ?

Cette croyance est exagérée, affirme Rachel Frieder, chercheuse à l’université de Norfolk aux États-Unis, en s’appuyant sur les déclarations de 166 recruteurs interrogés à la fin de 691 entretiens d’embauche. Certes, dans 5 % des cas, ils ont pris leur décision en moins d’une minute et, dans 30 % des cas, en moins de cinq minutes. Mais, pour 70 % des entretiens, le recruteur a pris plus de cinq minutes pour se forger son opinion sur le candidat. En l’occurrence, 18 % des décisions sont intervenues après quinze minutes et 23 % uniquement à la fin de l’entretien.

Quel est le profil des Lucky Luke du recrutement, ceux dont le cerveau dégaine un avis rapidement ? Ce sont avant tout des recruteurs expérimentés, qui ont une forte confiance en soi : puisqu’ils se sentent les as du recrutement, ils peuvent se permettre d’avoir un avis tranché à la minute. D’une certaine manière, ils se confirment ainsi qu’ils sont doués pour ce job. Parmi les recruteurs précoces, on trouve également de plus jeunes professionnels, dont la technique est d’engager l’entretien par une discussion quasi amicale avant d’entrer dans le vif du sujet.

Malheureusement, cette étude ne permet pas de savoir si les décisions rapides aboutissent à de meilleurs ou à de moins bons recrutements que la moyenne.

Ce qu’elle révèle en revanche, c’est que la durée de la prise de décision dépend aussi du moment de l’entretien. Au début, le recruteur met un temps plus long à se faire son opinion sur un candidat, sans doute parce qu’il perd progressivement en fraîcheur et doit veiller à ne pas confondre les informations tout en comparant mentalement les candidats entre eux. Puis la courbe s’inverse : les derniers entretiens laissent place à une prise de décision rapide. Par lassitude, le recruteur s’en remet peut-être plus à son intuition.

En conclusion, les candidats ont intérêt à donner le meilleur d’eux-mêmes dès le départ, surtout face à des recruteurs expérimentés ou qui commencent l’entretien par une discussion sur la météo. Quant aux recruteurs, ils doivent se méfier de leur trop-plein d’assurance et tenir compte de l’ordre de passage des candidats, afin d’assurer une égalité des chances à chacun.

Auteur

  • Denis Monneuse