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Dans un climat tendu, Le stress s’installe

LA SEMAINE | publié le : 27.10.2015 | Domitille Arrivet

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Dans un climat tendu, Le stress s’installe

Crédit photo Domitille Arrivet

Dans son 17e baromètre “climat social et qualité de vie au travail”, le groupe de formation Cegos constate une dégradation de l’environnement professionnel et fait un état des lieux des relations entre salarié et employeur en 2015.

Parmi les différents volets du climat social étudiés chaque année par Cegos, celui de la motivation et de l’implication des salariés est, cette année encore, porteur de contrastes. En effet, si 42 % des salariés et la moitié des managers déclarent constater une dégradation du climat social dans leur environnement professionnel, ils se félicitent en même temps de l’ambiance de travail, notamment au contact de leurs collègues les plus proches (76 % de satisfaits).

Paradoxe.

Dans le détail, 69 % des salariés se disent contents de leur environnement de travail (conditions de travail, bureau, bruit, agencement…), et 67 % apprécient la qualité des relations humaines au sein de leur entreprise. Ce paradoxe, apparu depuis plusieurs années déjà dans les enquêtes Cegos, ne fait que s’accroître, d’après Virginie Loye, responsable des formations en RH à Cegos : « Ces contrastes reflètent la complexité du monde du travail aujourd’hui. Malgré les difficultés économiques rencontrées, l’intérêt pour le travail est fort et l’implication des salariés est grande, notamment chez les managers, cette fonction dont on disait récemment qu’elle ne faisait pas envie, mais que certains grands groupes ont revalorisé avec succès », analyse-t-elle. La preuve : plus de 80 % des managers ont déclaré cette année qu’ils étaient fiers de faire partie de l’équipe managériale et qu’ils recommanderaient à des proches d’évoluer vers cette fonction.

Une embellie qui ne peut cependant occulter un climat général bien morose : les salariés ont déclaré cette année que leur premier levier de motivation au travail résidait autant dans « l’intérêt et la variété de leur poste » que dans « le simple fait d’avoir un travail et de ne pas être au chômage » (44 % des répondants).

Interrogés sur les recommandations qu’ils feraient à leurs supérieurs afin que le climat social s’améliore, les salariés soulignent d’abord leur désir de reconnaissance (45 % d’entre eux souhaitent que leur manager se préoccupe davantage de reconnaître et de féliciter ses collaborateurs) puis demandent que le supérieur hiérarchique prenne du temps avec son équipe (41 %) et qu’il fasse des points réguliers avec elle (37 %). Plus unanimes sur la façon d’améliorer le climat social, les managers estiment quant à eux à 83 % qu’ils doivent développer la coopération au sein de leur équipe, communiquer de manière claire et transparente (74 %) et savoir reconnaître et féliciter leurs collaborateurs (73 %).

Un stress récurrent.

Du côté des risques psychosociaux et de la qualité de vie au travail, l’étude montre que, malgré les sensibilisations répétées et les actions de prévention déployées dans les entreprises, tous les problèmes ne sont pas réglés. Certes, chez les salariés, le sentiment de manque de soutien, souligné par 39 % des répondants l’an dernier, a reculé à 20 %. De même que la pression exercée par le manager était déplorée par 37 % des salariés l’an dernier, cette source de stress n’est plus citée que par 23 %. Mais, malgré ces signes ponctuels d’amélioration, 61 % des salariés – managers compris – déclarent subir un stress régulier dans leur travail, et 78 % considèrent que celui-ci a un effet négatif sur leur santé. Un stress intense qui aurait, selon le baromètre, été ressenti par deux fois plus de salariés que l’an dernier.

« Il semble que la charge de travail accrue d’un côté, et les effets de la mutation numérique sur les métiers et sur le partage de la vie professionnelle et la vie privée de l’autre, en soient les principaux facteurs », analyse Virginie Loye. Conséquence, plus d’un quart des salariés déclarent que leur travail a été à l’origine de problèmes psychologiques graves de type dépression ou burn-out. Un phénomène en augmentation : + 26 % chez les salariés et + 19 % chez les managers depuis l’an dernier.

Face aux difficultés que connaissent les salariés dans l’exercice de leur activité professionnelle, les réponses proposées par les entreprises paraissent insuffisantes. Tout d’abord, souligne Cegos, même si des mesures de prévention ou d’amélioration ont été déployées, la moitié des DRH interrogés estiment que la signature d’un accord d’entreprise sur la qualité de vie au travail n’est pas d’actualité. Quant aux outils du dialogue social, ils semblent cette année encore en décalage avec les aspirations des collaborateurs : seulement 15 % des salariés et 1 % des managers envisagent de consulter les représentants du personnel en cas d’insatisfaction au travail. En premier recours, ils préfèrent en parler avec leur manager (46 % des salariés) ou poursuivre leur activité… en levant le pied (44 %).

La révolution digitale en marche

« Dans la révolution digitale, ce ne sont pas les outils eux-mêmes qui causent des difficultés, mais leurs impacts sur le travail », explique Virginie Loye, de Cegos. « Certes, des métiers nouveaux apparaissent, d’autres se transforment ou disparaissent, mais en plus, les nouveaux modes de travail ont un impact sur le mode de management. Le manager doit savoir diriger à distance et conduire des équipes très qualifiées qui ont un accès à l’information équivalent au sien. Son rôle se transforme, il doit devenir un coach plus qu’un dirigeant », ajoute-t-elle. Conséquence concrète de cette transformation digitale : 73 % des managers et 42 % des salariés déclarent être amenés à travailler sur leur temps personnel. Un nouveau mode de vie qui leur convient d’une certaine manière, puisqu’ils sont plus de 80 % à s’affirmer satisfaits de l’organisation de leurs horaires. Mais qui incite 42 % des salariés et 58 % des managers à réclamer un droit à la déconnexion.

* Étude menée en juillet et août 2015 auprès d’un échantillon de 1 204 personnes (salariés, managers et responsables RH) dans des entreprises privées de plus de 100 salariés.

Auteur

  • Domitille Arrivet