logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

L’enquête

BLABLACAR : Traquer l’erreur… pour mieux rebondir

L’enquête | publié le : 20.10.2015 | S. M.

La start-up spécialisée dans le covoiturage a mis en place des outils concrets pour partager et analyser les erreurs commises, afin de détecter les failles et favoriser la prise de risque.

Chez BlaBlaCar, le droit à l’erreur n’a pas besoin de faire ses preuves, il est dans les gènes de la start-up spécialisée dans le covoiturage. Dans les dix valeurs affichées et expliquées aux nouveaux arrivants, la maxime Fail, learn, succeed (échouez, apprenez, réussissez) figure en bonne place. « Elle est là pour dédramatiser d’éventuels échecs, pourvu qu’on apprenne d’eux ensemble, qu’on en tire une méthodologie et qu’on la partage », explique Laure Wagner, première employée historique de l’entreprise et chargée d’organiser la semaine d’intégration des récents embauchés. L’exemple vient du plus haut : Frédéric Mazzella, le fondateur du site, aime rappeler qu’au tout début, il s’est trompé sur le nom de sa marque. Il était persuadé du futur succès international de Comuto. Mais les Anglais pensaient au verbe commute, qui désigne des trajets pendulaires, alors que le marché visé était celui des voyages longs. Et les gens écrivaient plus facilement Comutau ou Commuto que l’orthographe prévue. Bref, il lui a fallu rétropédaler à grande vitesse. « Heureusement, c’est lui qui a trouvé le nouveau nom, BlaBlaCar », sourit Laure Wagner, qui raconte l’anecdote aux troupes fraîchement débarquées.

Organisation par la méthode scrum

BlaBlaCar (370 salariés) n’a pas de DRH (le recrutement est en cours) ni de hiérarchie clairement constituée, mais a pris le temps de formaliser les outils nécessaires à cette communication des erreurs. Une fois par semaine ou tous les quinze jours, selon les équipes, sont débriefés les échecs et les succès de la période écoulée. L’une des pratiques organisationnelles courantes dans la start-up, adepte de la méthode scrum, une des formes du management agile, c’est d’afficher sur des Post-it les tâches prévues dans la colonne “à faire”, puis de les passer visuellement dans la colonne “exécutée” quand elles ont été menées à bien. Certaines stagnent : à la réunion Fail and Succeed, on s’interroge sur les freins. « C’est parfois quelqu’un qui n’a pas osé déranger un autre parce qu’il le connaît mal ; ou tout simplement une surcharge de travail qui oblige à se poser la question d’un recrutement », détaille Laure Wagner. À côté de ces temps organisés, les services s’échangent des e-mails lorsqu’une erreur a une répercussion plus large. Nicolas Tricot, manager technique, en témoigne : « Par exemple, quand le site plante, il faut que tout le monde comprenne ce qui s’est passé pour que ne naisse pas l’impression que c’est toujours la même erreur qui se répète. »

Favoriser les idees nouvelles

Cette pratique existe aussi au niveau de l’encadrement, lors des rencontres organisées toutes les six semaines à Paris, entre les fondateurs de l’entreprise et les country managers des 19 pays où BlaBlaCar est installé. « Pour que la réunion ne dure pas et soit efficace, chacun n’a le droit qu’à deux slides : un win, un fail », rapporte Laure Wagner. « Il est aussi instructif de faire part des succès que des erreurs. C’est du gaspillage de temps et d’argent que de se prendre un mur que quelqu’un d’autre s’est déjà pris dans l’entreprise. » Laure Wagner, également déléguée du personnel, renvoie aussi à une autre valeur phare de la start-up : Done is better than perfect (faire, c’est mieux que rechercher la perfection). « On ne veut pas attendre huit mois pour développer une application parfaite : il vaut mieux la lancer rapidement, écouter les retours des membres de la communauté BlaBlaCar et l’améliorer. » Ou même l’abandonner. Avec toujours la même logique sous-jacente : favoriser la prise de risques et les idées nouvelles.

REPÈRES

Activité

Mise en relation des automobilistes et de leurs passagers sur Internet.

Effectif

370 salariés.

Chiffre d’affaires

8 millions d’euros en 2013.

Non communiqué pour 2014.

Auteur

  • S. M.