Les comités d’entreprise (CE), nés au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, sont une spécialité franco-française. Ils fonctionnent comme des guichets sociaux distribuant des chèques-vacances, des chèques-cadeaux et des billets de loisir à prix réduit. Perçues comme une sorte d’appoint en nature au salaire, les prestations masquent la vocation des CE à être plus largement une expression collective des salariés, permettant la prise en compte permanente de leurs intérêts dans les décisions relatives à la gestion et à l’évolution économique et financière de l’entreprise, à l’organisation du travail, à la formation professionnelle et aux techniques de production.

Pour commémorer le 70^e anniversaire des CE, Le Toit citoyen, club des élus de comités d’entreprise, propose un voyage dans cet étrange pays de la solidarité, au sein même des machines à profits que sont les entreprises. On compte aujourd’hui 35 000 CE, environ 200 000 élus du personnel – syndiqués ou non – pour les faire fonctionner, et un budget de 11 milliards d’euros bénéficiant à quelque 10 millions de salariés et aux entreprises de services, de loisirs, de culture que l’argent des comités d’entreprise aide à fonctionner. Dans son introduction, l’ancien ministre du Travail Jean Auroux en appelle aux jeunes générations pour défendre et faire évoluer une conquête sociale dans un contexte qui, pour n’avoir plus rien à voir avec les restrictions de l’après-guerre, n’en est pas moins difficile pour les salariés.