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L’enquête

La Poste : Les écarts de situation sont sous contrôle

L’enquête | publié le : 13.10.2015 | E. F.

Le troisième accord sur l’égalité professionnelle, signé en juillet, capitalise sur les acquis des deux précédents. Le groupe postal poursuit ses efforts sur les thèmes classiques (mixité, égalité) et en explore de nouveaux (déconnexion, sexisme, aidants familiaux).

C’est à un accord de maturité auquel sont parvenus les partenaires sociaux de La Poste (sauf SUD) au mois de juillet. Lorsque démarre la négociation de ce troisième accord sur l’égalité professionnelle, au premier trimestre 2015, les deux précédents ont déjà donné des « résultats encourageants », selon Anne-Laure Thomas, directrice de la diversité et de l’égalité des chances. Les syndicats et la direction trouvent donc une situation globalement saine : les femmes comptent pour 52 % des effectifs et 47 % de l’encadrement ; elles bénéficient de 53 % des promotions ; les écarts de salaires sont de 3,1 % en leur défaveur chez les fonctionnaires et de 1 % chez les contractuels. « Les écarts entre les hommes et les femmes sont faibles, mais ils existent ; nous avons donc souhaité poursuivre notre travail sur les thèmes classiques : mixité, salaires et évolution professionnelle », déclare Anne-Laure Thomas.

Le nouvel accord consiste donc essentiellement à améliorer le précédent en élargissant certains droits, en en précisant d’autres et à acter certaines pratiques. Cela dit, les négociateurs ont aussi voulu explorer de nouveaux domaines. Une nouvelle thématique, intégrée dans le chapitre sur l’articulation entre vie personnelle et vie professionnelle, est consacrée aux aidants familiaux « qui sont souvent des aidantes », explique la directrice pour justifier le traitement de ce sujet dans un accord sur l’égalité professionnelle. Il ne prévoit qu’une disposition : un “guide de l’aidant”, qui sera prochainement distribué aux postiers.

Déconnexion

Dans le même chapitre, les signataires créent un droit à la déconnexion. À ce titre, l’usage du téléphone en soirée ou en dehors des jours travaillés doit être réservé aux situations graves et urgentes ; pendant ces périodes, personne n’est tenu de répondre à des e-mails ou à des SMS ; l’émetteur est invité à utiliser une fonction d’envoi différé. « Nous nous sommes demandé ce que le droit à la déconnexion – qui concerne surtout les cadres supérieurs, donc plutôt des hommes – venait faire dans un accord sur l’égalité professionnelle, relate Émilie Filiol, en charge de l’égalité professionnelle à la Fapt-CGT. Mais la direction estime que cela contribue à l’équilibre des temps. » C’est aussi l’avis des négociateurs de l’accord interprofessionnel de 2013 en faveur de « l’amélioration de la qualité de vie au travail et de l’égalité professionnelle », qui consacre quelques lignes à la déconnexion.

Les auteurs de l’accord de La Poste introduisent également un chapitre sur les stéréotypes et le sexisme, dont la définition avait été posée quelques mois auparavant par le Conseil supérieur de l’égalité professionnelle ; l’“agissement sexiste” a, depuis, fait son entrée dans le Code du travail via la loi sur le dialogue social de juillet 2015. Concrètement, la lutte contre le sexisme prend, à La Poste, la forme de formations et d’outils de communication.

À côté de ces nouveaux chapitres, qui sont pour le moment dans le registre des intentions, ce troisième accord sur l’égalité fait progresser par petites touches des droits existants. « Ce sont de petites avancées qui, mises bout à bout, aident les postiers », explique Émilie Filiol.

Les signataires posent ainsi le principe que les objectifs individuels seront aménagés en fonction de la quotité de travail, de même que la part variable et le commissionnement. Une étude sur la rémunération des commerciaux sera menée en 2016. Rien n’est dit, cependant, sur la répartition de la charge de travail au sein d’une équipe qui compte des temps partiels. « Nous aurions aimé que l’accord soit plus précis », déclare Aline Guérard, négociatrice pour la CFDT. Le texte pose également le principe de la reconduction annuelle, sur la durée de l’accord, de l’enveloppe de rattrapage des écarts de salaires (200 000 euros). Tandis que les objectifs de mixité dans le haut encadrement sont revus légèrement à la hausse (de 35 % à 38 %).

Par ailleurs, l’accord acte les pratiques existantes contre les violences familiales et au travail : rappel de la procédure pour s’adresser à l’assistante sociale, du numéro vert d’écoute psychologique, de la prise en charge des frais d’avocat et du soutien de l’entreprise dans le dépôt d’une plainte contre un client violent.

Souplesses horaires

Même démarche sur la parentalité, un chapitre auquel les signataires tiennent particulièrement. Les souplesses horaires pour les femmes enceintes, qui se pratiquaient depuis longtemps, entrent dans le champ conventionnel. À noter que l’accord prend en compte la situation des couples homosexuels. Le télétravail et le rapprochement du domicile pour les femmes enceintes, jusqu’alors réservé à l’Ile-de-France, sont généralisés. Les conditions d’éligibilité aux autorisations spéciales d’absence en raison d’un enfant handicapé (taux d’incapacité et âge de l’enfant) sont élargies, et elles s’ouvrent au représentant légal de l’enfant – et non plus seulement aux parents.

En outre, La Poste prend en charge les frais de garde de nuit pour un parent isolé qui doit partir en formation. La CGT aurait souhaité que ce droit concerne aussi les couples de postiers en horaires décalés, et la CFDT aurait aimé l’élargir aux temps de réunions, pas simplement à ceux de formations. « Les syndicats arrivent avec une demande en faveur d’une large population ; la direction chiffre le coût de la mesure ; il faut alors fixer des priorités », explique Aline Guérard.

Repères

Activité

Opérateur multimétiers : courrier, colis, banque, bureaux de poste.

Effectif

258 000 salariés.

Chiffre d’affaires

22,1 milliards en 2014.

Auteur

  • E. F.