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Allemagne : Comment les employeurs vont intégrer les réfugiés

Sur le terrain | International | publié le : 06.10.2015 | Marion Leo

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Allemagne : Comment les employeurs vont intégrer les réfugiés

Crédit photo Marion Leo

Face à l’afflux massif de réfugiés, plusieurs grandes entreprises ont déjà pris des mesures pour faciliter leur intégration professionnelle. Mais elles se heurtent à de nombreux problèmes et demandent à l’État d’assouplir les règles d’accès à l’emploi.

Ils sont déjà des centaines de milliers, et ils continuent d’arriver jour après jour en Bavière, en Saxe. Selon les autorités, l’Allemagne devrait accueillir pas moins de 800 000 réfugiés en 2015. La plupart des réfugiés actuels, ayant fui la guerre et les persécutions en Syrie, en Irak ou en Afghanistan, ne sont pas des migrants à proprement parler, mais « ils resteront longtemps, voire pour toujours chez nous », prédit Ingo Kramer, président de la Fédération des employeurs allemands BDA.

Alors que l’État fédéral et les Länder essaient de trouver rapidement des solutions avec leurs partenaires européens pour à la fois freiner l’arrivée de nouveaux réfugiés et intégrer au plus vite ceux qui sont déjà là, plusieurs grandes entreprises ont pris les devants.

Deutsche Post DHL a annoncé qu’elle allait financer à hauteur de 1 million d’euros des programmes d’ONG visant à faciliter l’intégration des réfugiés par le biais de cours de langue et de préparation à la vie professionnelle. L’entreprise proposera également 1 000 places de stages pouvant déboucher sur un poste d’apprentissage ou sur un emploi.

Des stages d’initiation

Daimler a déjà embauché des réfugiés dans quatre usines, mais « ils étaient déjà là depuis longtemps », précise un porte-parole. Pour les nouveaux arrivants, le constructeur automobile est entrain de mettre en place, en collaboration avec ses CE et l’Agence fédérale pour l’emploi, des « stages d’initiation » de plusieurs semaines : « Il s’agit d’un projet pilote, qui a pour objectif d’initier les réfugiés aux différents métiers de la production et de leur proposer des cours de langue. » Dans la chimie, Bayer et Evonik ont décidé d’ouvrir aux jeunes réfugiés leurs programmes d’un an de qualification à l’apprentissage, destinés aux jeunes en situation d’échec scolaire.

« Accueillir les réfugiés répond tout d’abord à un impératif moral, mais ils constituent aussi une grande chance pour l’économie et la société, rappelle Michael Hüther, directeur de l’Institut de l’économie IW, proche du patronat. Car il manque déjà dans de nombreuses branches des apprentis et du personnel qualifié. » Dieter Zetsche, le patron de Daimler, opine : « La plupart des réfugiés sont jeunes, très motivés et qualifiés. C’est justement le genre de personnes que nous recherchons. ».

En août 2015, le pays comptait près de 600 000 postes vacants. En 2014, plus de 31 000 places de formation professionnelle n’ont pas trouvé de candidat. Sans immigration, il manquera à l’Allemagne environ 6,5 millions d’actifs d’ici à 2025.

Mais ce qui paraît simple dans la théorie ne l’est pas dans la pratique. Car embaucher un réfugié s’apparente pour les entreprises à un véritable parcours du combattant. Premier obstacle : le niveau linguistique. Deuxièmement, selon l’Agence fédérale pour l’emploi, seuls 10 % à 15 % des réfugiés détiendraient un diplôme du supérieur. Par ailleurs, la plupart des réfugiés n’ayant pas emporté leurs diplômes, il est difficile d’évaluer leurs compétences. Mais le problème principal réside dans l’absence de statut juridique clair. C’est pourquoi les entreprises réclament une accélération des procédures d’asile et une meilleure protection pour les jeunes réfugiés démarrant une formation professionnelle.

« Nous soutenons le “modèle 3 + 2” qui protégerait le réfugié dont le statut n’est pas encore réglé contre toute expulsion durant les trois ans de son apprentissage et deux ans après », explique le porte-parole de Daimler. Le patronat demande aussi que soit levée provisoirement l’obligation de vérifier avant chaque embauche que le poste ne puisse être occupé par un Allemand ou un ressortissant de l’UE. Mais le sujet étant très sensible, le gouvernement Merkel n’a pas encore accédé à ces souhaits.

Dans les médias

Berliner Zeitung. Le chômage en héritage ?

Les fils de pères au chômage sont eux-aussi fréquemment sans emploi. Une étude publiée par l’lnstitut de recherche économique Leibniz à Halle a établi un lien entre l’état d’inactivité des pères et celui de leurs fils. Ce lien, en revanche, n’apparaît pas dans les familles issues de l’immigration. Il est également beaucoup moins prononcé à l’Est qu’à l’Ouest. L’institut en conclut qu’en Allemagne, les chances de réussite des jeunes sont fortement tributaires de leur milieu familial. L’absence de cette corrélation dans les familles issues de l’immigration semble résulter d’une plus grande mobilité entre les générations. 29 septembre. Berliner Zeitung, quotidien régional (110 200 exemplaires)

Auteur

  • Marion Leo