Serfim, un groupe de 1 500 personnes comprenant 25 sociétés du BTP, de l’environnement et de l’énergie, a monté voilà dix ans une académie interne pour former tous ses salariés à la communication et, ainsi, se cimenter. Le dispositif évolue aujourd’hui vers des formations plus individuelles, la certification des salariés et l’enracinement des savoirs de base.
Près de dix ans après avoir créé son “Académie”, le groupe lyonnais Serfim (environnement, travaux publics et énergie) fait évoluer ce dispositif vers davantage d’individualisation. Cette académie est en fait structurée en quatre champs d’intervention : l’Académie de l’encadrement pour les chefs de travaux et d’agences, l’Université Serfim pour les managers et directeurs de filiales, l’École des compagnons et, dernière née, en 2011, l’Académie des bureaux pour les employés administratifs (lire l’encadré p. 7).
L’ensemble de cette offre pédagogique a bénéficié, depuis 2006, à 750 des 1 500 salariés de ses 25 filiales : des personnes appelées à évoluer professionnellement ou ayant besoin d’être confortées, par exemple dans leur mission d’encadrement. Ce dispositif coûte 250 000 euros par an au groupe Serfim, prestations pédagogiques, salaires et frais compris.
Afin de répondre aux attentes des salariés du groupe, mais également d’intégrer la nouvelle donne de la réforme de la formation professionnelle, trois chantiers sont lancés : l’ouverture à une consommation individuelle de nouveaux modules de formation, la construction d’une certification mieux reconnue et une mise au point sur les savoirs et compétences de base.
Certains salariés, satisfaits de leur passage à l’Académie, ont demandé à poursuivre l’effort de formation et ont poussé le groupe à offrir une consommation individuelle de nouveaux modules. D’où la décision, en 2015, de faire évoluer l’offre pédagogique vers un dispositif davantage « à la carte », explique le RRH. Alors que les stagiaires, bien que volontaires, étaient auparavant inscrits par leur chef, les salariés peuvent désormais se positionner d’eux-mêmes sur l’un des modules proposés sur une journée. De nouveaux thèmes sont désormais intégrés aux sessions ancienne formule : s’y sont ajoutés des modules sur “gérer son temps”, “animer une réunion”, “conduire un entretien”… « Au moins dix premiers sujets ont été listés et sont testés, poursuit Emmanuel Guirand. Cela pourra évoluer en fonction de l’intérêt suscité. »
Jusqu’à présent, en 2015, première année de test de cette “académie à la carte”, trois groupes de huit personnes de différents métiers ont déjà été créés. « La pédagogie est très interactive, explique Paul Lleu, directeur du Centre permanent des managers (CPM), organisme de formation isérois spécialisé dans le BTP, qui met à disposition ses locaux lyonnais, proches du siège de Serfim. On donne beaucoup de temps à l’expérimentation, aux jeux de rôles… » Le bilan ayant été satisfaisant, la formule va à présent être proposée, pour 2016, à tout l’effectif.
Autre changement à l’étude : la validation des formations suivies. Depuis dix ans, un “diplôme” maison était remis à tous les participants à l’Académie Serfim, lors d’une cérémonie annuelle organisée au siège. « Mais la réforme de la formation nous pousse à nous poser la question d’une vraie certification, commente Emmanuel Guirand. Nous étudions avec les différents Opca de notre groupe, dont celui du BTP Constructys, la possibilité d’utiliser le CPF, les périodes de professionnalisation, lorsque la formation dépasse 70 heures, ou le FPSPP au titre de l’axe transition énergétique pour développer une certification reconnue. Même s’il n’y a pas encore de demande de certification de la part des salariés, qui voient surtout ces formations comme un moyen d’améliorer leur quotidien. »
Enfin, un autre chantier est en réflexion, même si la demande de formation dans ce domaine n’est pas encore explicite : celui des savoirs de base. « Le besoin, que ce soit en remise à niveau en français langue étrangère (FLE) ou en lutte contre l’illettrisme et l’analphabétisme, est repéré depuis longtemps, assure le RRH. Mais nous le traitions au cas par cas, ou sans rencontrer d’adhésion. Le fait de l’intégrer à l’Académie Serfim sera peut-être la clé du succès, ainsi que l’opportunité d’une émulation entre sociétés. » Un programme spécifique en français langue étrangère, monté avec l’organisme spécialisé Alpès (Lyon), va être testé par un premier groupe dans le cadre de “l’Académie à la carte”. En parallèle, un état des lieux approfondi de ces besoins est en cours.
Particularité de l’École des compagnons : « Elle est la seule basée à notre siège, ceci afin que ces salariés développent un sentiment d’appartenance au groupe, qui représente souvent pour eux une nébuleuse », commente Emmanuel Guirand, le RRH.
« Cette formation des compagnons à la communication constitue l’originalité de Serfim », estime Paul Lleu, directeur du Centre permanent des managers (CPM), qui a proposé une pédagogie adaptée à ce public : « Notre inquiétude était de garder en salle, pendant une semaine, ces personnes habituées au travail physique. Nous les faisons donc se lever et s’exprimer par des simulations de visite de riverains ou de clients sur un chantier, de relations avec leur chef, etc. Plusieurs ont assuré qu’ils se sentaient ensuite mieux intégrés dans leur entreprise. »
Ces échanges permettent aussi une meilleure connaissance entre ces salariés issus des différentes activités du groupe.
En fin de session, les compagnons répondent, comme les autres collaborateurs, à un questionnaire de satisfaction (90 % à 95 % de satisfaits en moyenne, tous niveaux confondus). Un débriefing est aussi assuré en présence du RRH, qui dresse un bilan global avec le CPM en fin d’année. En fonction de quoi des modifications pédagogiques sont apportées l’année suivante.
