Le Medef, dans les jours qui viennent, publiera les résultats d’un groupe de travail sur la professionnalisation des acteurs de la formation. Ce groupe a été constitué avec de grandes entreprises, des branches, des organismes de formation il y a un an. Objectif : analyser tout le processus de formation, de la définition du besoin à l’appréciation des résultats, et pointer les bons réflexes qualité à chaque stade.

Fin septembre-début octobre, toutes les productions de ce groupe concernant l’évaluation, l’innovation pédagogique et les achats seront rendues publiques : les analyses, les propositions, les outils. Plus tard, viendront ses réalisations sur les labels qualité et sur la qualité des certifications. Et ce groupe de travail a de quoi susciter de très grosses attentes.

En effet, l’initiative vient combler un vide : la réforme a puissamment restructuré l’architecture juridique et financière de la formation, mais la réussite de ce chantier se jouera sur la professionnalisation et la technicité des acteurs de terrain, du salarié au responsable formation (RF) en passant par les hiérarchies intermédiaires, voire les administrateurs des financeurs.

Depuis bien longtemps, chacun sait que, à système donné, la différence de résultat tient au niveau de maîtrise concrète du processus analyse-sélection-suivi. Hier, des entreprises et des RF menaient d’excellentes politiques malgré ce qu’ils estimaient être le carcan de l’obligation légale fiscale. Demain, certains et certaines prendront toujours des décisions aberrantes malgré « la liberté retrouvée », expression particulièrement appréciée par Florence Poivey, présidente de la commission formation-insertion du Medef.

Même si tous attendent de juger les résultats attendus, l’initiative de l’organisation patronale boucle la boucle, et correspond aux attentes des entreprises et des responsables de formation qui témoignent dans ce dossier.

« Il est en effet impossible de réellement parler qualité et retour sur investissement en formation, alors que la professionnalisation de tous les acteurs n’est pas ce qu’elle devrait être », reconnaît Christine Fourcade, responsable formation du groupe Havas.

« Les démarches pour évaluer le retour sur investissement des formations ne naissent pas de la réforme, mais d’une gestion optimisée du budget formation », assure, de son côté, Fabienne Morilleau, chef du service formation compétences à Transport Infrastructures Gaz France (TIGF).

Un avis partagé par Bettina Rosconval, responsable du développement RH au Crédit Agricole Assurances, qui confie que « le déploiement du CPF pose question, mais [que] la nouvelle donne n’est pas trop contraignante quand les processus qualité-achat-évaluation sont solides et anciens ».

D’autres initiatives portant sur une bonne gestion du processus et du marché de la formation sont prévues, notamment de la part des Opca ou des intermédiaires d’achat, avec des logiques de type Trivago, TripAdvisor ou Booking, couplées à de l’analyse big data.

De même, Opcalia a formé ses conseillers avec Formaeva (société spécialisée dans l’évaluation et l’amélioration de l’efficacité des formations), afin de développer des services supplémentaires d’accompagnement et d’aide au pilotage de la performance globale de la formation : cela touche aussi bien le suivi des alternants, les actions collectives que le plan de formation de l’entreprise.

Autant de nouvelles propositions qui risquent de changer les habitudes.