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LA SEMAINE

Des budgets d’augmentations salariales en baisse pour 2016

LA SEMAINE | publié le : 08.09.2015 | Nicolas Lagrange

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Des budgets d’augmentations salariales en baisse pour 2016

Crédit photo Nicolas Lagrange

Les entreprises envisagent de réduire un peu l’enveloppe consacrée aux augmentations générales et individuelles, selon les études d’Aon Hewitt et Deloitte qui viennent d’être publiées. Une érosion des budgets constatée depuis plusieurs années.

Malgré une croissance qui frémit, les entreprises restent très prudentes dans leurs hypothèses d’augmentations salariales. Il n’est pas question pour l’heure de lâcher du lest, bien au contraire. La première étude prévisionnelle de cette rentrée, publiée le 3 septembre par Aon Hewitt(1), anticipe une hausse de 2,4 % des salaires, contre 2,6 % il y a un an.

Dans l’enquête Deloitte rendue publique le 7 septembre(2), les entreprises sondées disent vouloir augmenter les salaires de 1,7 % en moyenne, contre 1,9 % prévus l’an dernier : des chiffres encore plus pessimistes, liés à la forte proportion dans le panel de grandes entreprises, lesquelles octroient des augmentations de salaires sensiblement inférieures à celles des PME (même si les salaires y sont plus élevés). D’ailleurs, Aon Hewitt ne prévoit que 1,8 % de hausse pour les grandes entreprises françaises. En fait, le même constat se dégage des deux études : la réduction des budgets salariaux est une tendance lourde (voir l’infographie ci-contre).

« La faible inflation et le contexte d’incertitude économique pèsent sur les projections des entreprises, explique Jean-Philippe Gouin, associé capital humain chez Deloitte. Par ailleurs, les meilleurs résultats économiques des entreprises se traduisent davantage par une politique plus généreuse d’épargne salariale et d’avantages sociaux que par des hausses de salaires pérennes. » Une analyse partagée par Vincent Cornet, directeur rémunération globale chez Aon Hewitt : « Les enveloppes salariales sont peu liées à la performance des entreprises, lesquelles se “benchmarkent” beaucoup et tendent à s’aligner entre elles. Mais le fait marquant cette année est le décrochage de la France par rapport aux autres grands pays européens en termes de hausses salariales prévues pour 2016. » Les sociétés hexagonales s’éloignent de l’Italie (2,6 %), de l’Allemagne (2,9 %) et du Royaume-Uni (3 %)… et se rapprochent de l’Espagne (2,3 %), du Portugal et de la Grèce (autour de 2 %).

Du coup, les DRH français interrogés par Aon Hewitt estiment prioritaire de veiller à ce que les niveaux de salaires restent attractifs par rapport à la concurrence pour faciliter la gestion des talents et le management de la performance. Ils prévoient aussi, en 2016, de plancher sur la rémunération variable et l’intéressement et de mettre sur la table les problématiques de retraite et de santé-prévoyance (du fait du nouveau contrat responsable).

Si l’on entre dans le détail des prévisions, c’est l’enveloppe des augmentations générales (AG) qui pâtit le plus de la réduction des budgets, selon les données collectées par Aon Hewitt : elle atteindrait ainsi 1 % en 2016, contre 1,5 % deux ans plus tôt. Tandis que l’enveloppe des augmentations individuelles (AI) avoisinerait 2,2 % l’an prochain, contre 2,5 % il y a deux ans.

« L’enveloppe des AG est assez corrélée au taux d’inflation, encore fort jusqu’en 2012 », estime Vincent Cornet. « Elle baisse, mais retrouve en fait son niveau d’avant-crise, ajoute Jean-Philippe Gouin. Sans modifier vraiment la répartition entre AG et AI. » En 2016, selon Deloitte, la moitié des entreprises devraient octroyer un mix AG-AI aux non-cadres, alors que plus des deux tiers n’envisagent qu’une hausse individuelle pour les cadres.

Légère embellie pour les cadres

Reste que le salaire des cadres a connu cette année une légère embellie, selon le baromètre Expectra publié le 31 août(3) : il a progressé cette année de 1,2 %, contre 0,9 % en 2014 et 0,5 % en 2013. Les cadres supérieurs s’en sortent particulièrement bien grâce aux bonus, relève Deloitte : la part variable a augmenté de 8 % d’une année sur l’autre dans les entreprises du panel.

Enfin, l’étude Deloitte donne des indications sur les différences sectorielles. Dans l’énergie, les banques, les assurances et la finance, les budgets d’augmentation sont supérieurs à la moyenne dans des proportions de 0,2 à 0,3 point. A contrario, les enveloppes salariales dans les transports, la grande distribution ou l’hôtellerie-restauration se situent de 0,2 à 0,3 point en dessous de la moyenne.

Étude réalisée auprès de 390 entreprises de toutes tailles.

Étude réalisée auprès de 372 entreprises de toutes tailles.

Étude basée sur les salaires réels de 68 780 fiches de paie.

Auteur

  • Nicolas Lagrange