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Du côté de la recherche

Chronique | publié le : 08.09.2015 | DENIS MONNEUSE

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Du côté de la recherche

Crédit photo DENIS MONNEUSE

Sexe et profession font-ils bon ménage ?

J’ai longtemps évité le sujet du genre au travail de peur de prendre des coups de part et d’autre, tant ce sujet est délicat à traiter. Certains y verront de la couardise, d’autres une forme de sagesse, qui consiste à distinguer courage et témérité. Par crainte de passer pour une « femmelette », je me jette toutefois à l’eau aujourd’hui pour tenter de marcher sur des œufs sans faire d’omelette.

Toute la subtilité dans ce domaine revient à observer des tendances objectivables sans tomber dans l’essentialisation et la stigmatisation. On peut par exemple chercher à vérifier l’hypothèse selon laquelle, toutes choses égales par ailleurs, les femmes seraient plus bavardes que les hommes. Mais cela ne signifierait pas pour autant que toutes les femmes seraient plus bavardes que tous les hommes ni qu’une femme prise au hasard serait nécessairement bavarde.

Vibeke Nielsen, qui, comme son nom l’indique, est Danoise, s’est demandé si les traits généralement attribués aux hommes et aux femmes dans la sphère professionnelle (les femmes seraient plus empathiques que les hommes et ces derniers plus compétitifs que les femmes) étaient vérifiés chez les hommes et les femmes exerçant la même profession. Autrement dit, les métiers, par leur attractivité ou leur mode de sélection, gommeraient-ils les différences entre les sexes ? Par exemple, un enseignant se comporte-t-il de manière plutôt masculine et une enseignante de manière plutôt féminine ou bien se comportent-ils tout simplement selon une même représentation sociale du métier d’enseignant ?

La chercheuse de l’université d’Aarhus livre, après enquête, une réponse de Normand : cela dépend des professions. Chez les dentistes, par exemple, la différence de traits psychologiques entre les hommes et les femmes est visible : en moyenne, les femmes manient la fraise dentaire avec plus d’empathie que les hommes. D’ailleurs, la motivation pour exercer cette profession pourrait être différente suivant le sexe : la gent féminine apprécierait avant tout de soigner, la gent masculine de bénéficier d’un bon statut social.

En revanche, au sein d’autres professions, chez les professeurs de sciences sociales notamment, on ne note pas de différences en matière d’empathie ou de compétitivité entre les hommes et les femmes. Sans doute parce que les critères pour atteindre ce type de profession ne font pas appel à des traits plus spécifiques à un genre qu’à un autre.

Par conséquent, une femme qui intègre une profession typiquement masculine ne possède pas et n’intègre pas nécessairement les traits considérés comme masculins : une femme pompier n’est pas forcément poussée par l’esprit de compétition, par exemple. Et vice-versa : un homme sage-femme n’est pas ou ne devient pas forcément plus empathique que la moyenne.

Qu’en conclure ? Qu’il reste beaucoup de chemin à parcourir pour améliorer l’égalité hommes-femmes au travail, au-delà des écarts de rémunération, qui sont, en quelque sorte, la partie visible de l’iceberg. Car féminiser les métiers typiquement masculins ne suffit pas à éviter aux femmes les obstacles sur leur route. La fonction RH l’atteste : elle comprend une majorité de femmes dans son ensemble… mais une minorité aux postes clés !

Auteur

  • DENIS MONNEUSE