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ALLEMAGNE : ÉQUILIBRE DES TEMPS : LA DÉPENDANCE, UN ENJEU D’ENTREPRISE

Sur le terrain | International | publié le : 01.09.2015 | Marion Leo

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ALLEMAGNE : ÉQUILIBRE DES TEMPS : LA DÉPENDANCE, UN ENJEU D’ENTREPRISE

Crédit photo Marion Leo

De nombreux salariés s’occupent de proches en situation de dépendance. Globus, Daimler, Rewe et d’autres employeurs outre-Rhin ouvrent des dispositifs pour les aider à assumer cette tâche. Un enjeu sensible dans un pays vieillissant.

« Je me suis rendu compte de l’importance du thème de l’aide à la dépendance le jour où j’ai disposé à l’entrée de nos magasins des brochures sur ce sujet. Elles ont disparu en quelques jours. » Petra Kannengiesser est en charge du projet Travail et famille au sein de la chaîne allemande d’hypermarchés Globus SB-Warenhaus (17 300 salariés en Allemagne), distinguée à plusieurs reprises pour sa politique familiale. « La moyenne d’âge de nos collaboratrices s’élève à 43 ans et celle de nos collaborateurs à 39 ans. La moitié du personnel a donc des parents âgés de plus de 70 ans et est déjà ou sera concernée par le sujet », note-t-elle, convaincue que l’aide à la dépendance jouera bientôt un rôle plus grand au sein de l’entreprise que la garde d’enfants : « Elle est plus difficile à gérer, car elle est imprévisible. » Une chute dans l’escalier, une crise cardiaque peuvent se produire à tout moment, et la durée des soins nécessaires est impossible à déterminer.

Pour aider ses salariés, la chaîne de distribution a opté pour une flexibilisation extrême du temps de travail. « Chez nous, tout est possible. Chacun peut élaborer son propre modèle et travailler entre 15 et 37,5 heures par semaine. Nous essayons dans la mesure du possible de trouver une solution individuelle et de tenir compte des contraintes professionnelles du conjoint. »

PLANNING AMÉNAGÉ

Dans l’hypermarché Dutenhofen (430 employés), par exemple, une collaboratrice a réduit son temps de travail à 80 % pour s’occuper de son père avec l’aide de son mari, également employé au magasin. Leurs plannings horaires sont harmonisés en conséquence. « Ces mesures sont en règle générale limitées dans le temps, afin de permettre à tous de pouvoir en profiter », poursuit Petra Kannengiesser, qui précise que cette offre s’adresse à tous les salariés et pas seulement à ceux s’occupant d’un proche.

Daimler a choisi une autre voie. Dès 2008, le constructeur automobile a signé un accord d’entreprise sur les soins à domicile. Reconduit en 2012, il permet au salarié de prendre un congé dépendance d’un an au maximum sans solde. « Durant ce temps, il reste salarié de Daimler et a la garantie de revenir à un poste équivalent à l’issue du congé », précise Silke Ersnst, porte-parole du CE de Daimler. Si cela ne suffit pas, il peut prendre ensuite un autre congé de trois ans maximum, avec la même garantie de réembauche, mais il doit résilier son contrat de travail. Troisième option : le temps partiel. « C’est la solution la plus retenue, car les salariés continuent à percevoir un salaire et la plupart ne veulent pas soigner un proche en permanence. »

La question du financement est à chaque fois décisive. C’est pourquoi le groupe Rewe, l’un des leaders du commerce et du tourisme, a fait un pas de plus. À l’issue d’une phase pilote de deux ans, il a étendu en 2015 à l’ensemble de ses salariés en Allemagne un projet qui permet notamment de prendre un congé dépendance de six mois ou de réduire son temps de travail durant 12 mois, tout en continuant à toucher une partie de son salaire. Ainsi, un salarié prend un congé durant six mois et perçoit la moitié de son salaire. À son retour, il travaille durant six mois à temps plein pour un demi-salaire. Il peut prévenir son supérieur au dernier moment ou, si possible, un mois avant.

Toutes ces mesures reposent sur la bonne volonté des entreprises. Mais, depuis janvier 2015, la loi sur la famille, le travail et le congé dépendance incite tous les employeurs à se pencher sur la question. Les salariés ont désormais le droit de travailler à temps partiel (avec un minimum de 15 heures de travail par semaine) pendant 24 mois pour s’occuper d’un proche en état de dépendance.

DANS LES MÉDIAS

FRANKFURTER ALLGEMEINE ZEITUNG. Les 63 ans en débat

La réforme controversée de la grande coalition sur les retraites (NDLR : qui permet aux salariés ayant cotisé 45 ans de partir à la retraite sans décote dès 63 ans) a un impact profond, selon les employeurs, sur le marché du travail. « Nous avons perdu dès la première année environ 100 000 salariés, dont un grand nombre de travailleurs qualifiés indispensables », a déclaré Ingo Kramer, le président des employeurs. […] « Si la grande coalition prend la pénurie de main-d’œuvre au sérieux, elle devrait supprimer la retraite à 63 ans. » 13 juillet 2015. Frankfurter Allgemeine Zeitung, quotidien conservateur, tirage : 300 000 exemplaires.

THÜRINGER ALLGEMEINE. L’Est fait plus d’heures

Les habitants de Thuringe (ex-RDA) travaillent en moyenne près de trois semaines de plus par an que les Allemands de l’Ouest. […] Selon Suzanne Wanger, chercheur à l’institut IAB, deux facteurs expliquent ce phénomène propre aux Länder est-allemands : les Allemands de l’Est travaillent plus souvent à temps plein et moins à temps partiel […] et les entreprises soumises aux accords collectifs sont moins nombreuses à l’Est qu’à l’Ouest, d’où « il résulte pour les salariés une durée de travail hebdomadaire plus élevée et des droits à congé moins importants ». 13 juillet 2015. Thüringer Allgemeine, quotidien régional, tirage : 170 700 exemplaires.

Auteur

  • Marion Leo