La protection sociale coûte cher et l’Europe libérale incite à en diminuer le prix pour à la fois juguler les déficits budgétaires des États et aller dans le sens de la pression à la baisse des salaires – donc des cotisations sociales – dans une économie concurrentielle. Une dépense sociale tend à être d’autant plus assimilée à un coût que la solidarité est une valeur mise à mal par l’individualisme montant. Chacun semble aujourd’hui avoir le sentiment d’une injustice lorsqu’il est amené, par le mécanisme de la protection sociale, à payer pour le voisin, que ce dernier soit au chômage, à la retraite ou pâtisse d’une mauvaise santé.

Dans le même temps, la logique de marchandisation généralisée s’accommode mal de dépenses supposées non productives à court terme. Si les systèmes sociaux de redistribution restent hétérogènes en Europe, tant en termes de niveaux de dépenses que d’objectifs, l’européanisation favorise la diffusion au sein des pratiques nationales de standards qui aboutissent généralement à une règle de moins-disant social, alors même que les mécanismes de protection sociale ont eu un effet d’atténuation de la crise financière puis économique amorcée en Europe en 2008.

Sous la direction d’un maître de conférences en sciences économiques à Rennes 2, des chercheurs et des syndicalistes analysent les conséquences de la nouvelle gouvernance économique européenne en matière sociale et proposent des solutions pour limiter la casse et favoriser la cohésion sociale.