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L’enquête

L’OPÉRATEUR ARTICULE protection de l’emploi et mobilités volontaires

L’enquête | publié le : 01.09.2015 | É. S.

Signé au moment du rachat de SFR par Numericable, l’engagement de ne pas procéder à des licenciements collectifs a été complété, en juin, d’un accord sur l’accompagnement des transformations générées par le rapprochement des deux sociétés.

Pas de licenciement collectif économique, y compris par départ volontaire, et le maintien du statut collectif pendant trente-six mois : telle est la base de l’engagement pris par Numericable au printemps 2014, lors du rachat de SFR. Un engagement inscrit dans un accord collectif, « afin de lui donner une force juridique indiscutable », précise François Rubichon, directeur exécutif en charge des RH à SFR.

Il faut dire qu’à cette époque, l’opérateur sort à peine d’un plan de départs volontaires de 900 suppressions de poste, et que les syndicats s’inquiètent de l’arrivée de Numericable : « C’est une acquisition par LBO, par une entreprise cinq fois plus petite qui s’est construite par rachats successifs avec, à chaque fois, des suppressions d’emploi », résume Damien Bornerand, délégué syndical central CGT. Si, comme les autres, son syndicat signe l’accord, il en pointe toutefois les limites : « Il ne garantit ni le volume ni la qualité des emplois. Les départs individuels ne sont donc pas forcément remplacés. Et une clause prévoit que l’engagement devient caduc en cas de “revirement économique imprévisible”. » Dans ce cas, les signataires ont prévu que s’appliqueraient les mesures d’accompagnement inscrites dans un accord de 2013.

Pour la direction, il s’agit de recomposer le nouveau groupe dans la contrainte des garanties accordées. Un « exercice difficile, relève François Rubichon, pour lequel nous devons jouer à fond la carte des mobilités, essentiellement fonctionnelles ». Car le nouvel actionnaire imprime sa marque : « Certains projets n’ont plus été jugés pertinents et, dans plusieurs domaines, le choix a été fait de réinternaliser des compétences, détaille le responsable des RH. Il fallait en outre redéfinir les périmètres d’activité entre les différentes sociétés du groupe. » À partir de là, les projets se succèdent, impliquant pour les salariés concernés une évolution des compétences, voire un changement de métier et, dans certains cas, le passage d’une société du groupe à l’autre.

Garanties pour le salarié

Une négociation est alors ouverte sur l’accompagnement des transformations. « Au vu du nombre important de salariés concernés par les projets, il fallait des mesures équitables et cohérentes avec le maintien d’emploi promis », explique Fabrice Pradas, délégué syndical central Unsa. Une journée de grève et cinq mois plus tard, l’accord est signé (sauf par la CGT). Il prévoit qu’« aucune mobilité sur un nouveau poste entraînant une modification du contrat de travail ne sera contrainte » et liste différents cas de figure (mobilité vers un nouveau poste, évolution de compétences, mobilité vers une autre entité du groupe…) avec les mesures associées. Il définit notamment les garanties pour le salarié qui signerait un nouveau contrat de travail dans une autre filiale (maintien de l’ancienneté ou du niveau global de rémunération) et un certain nombre de primes auxquelles peuvent prétendre les volontaires à la mobilité.

La CGT ne l’a pas signé. « Le salarié qui refuse de changer d’entité pour suivre son activité devra de toute façon faire une mobilité fonctionnelle, c’est un coup de canif à l’accord de 2014 », tranche Damien Bornerand. François Rubichon rassure : « Avant même de proposer une mobilité, nous présentons toutes les options possibles. » Des équipes RH décentralisées et composées de membres issus de différentes activités sont chargées de mettre en musique les transformations, par l’identification des talents, des besoins en formation, etc. Une bourse à l’emploi intersociétés a également été mise en place ainsi que des échanges de type “vis ma vie”, car « construire un nouveau groupe par la mobilité interne volontaire nous oblige à rendre les postes attractifs ».

Enfin, un programme dédié, “Femmes et hommes au cœur du projet”, vise notamment à « renforcer la communication de proximité et à donner la parole aux personnes concernées, explique le directeur RH. Comme avec les deux accords que nous avons signés, il s’agit de démontrer notre volonté d’être transparents avec les salariés ».

Repères

Activité

Opérateur de télécommunications.

Effectif

16 500 salariés.

Chiffre d’affaires 2014

11,4 milliards d’euros.

Auteur

  • É. S.