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Sur le terrain

ESPAGNE : LA BATAILLE DU COCA-COLA CONTINUE

Sur le terrain | International | publié le : 25.08.2015 | Valérie Demon

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ESPAGNE : LA BATAILLE DU COCA-COLA CONTINUE

Crédit photo Valérie Demon

Le partenaire espagnol d’embouteillage de Coca-Cola, empêtré dans un projet de restructuration qui a viré au feuilleton judiciaire, doit réintégrer des salariés licenciés. Cela, à l’heure où se négocie une fusion géante entre embouteilleurs européens du géant du soda.

La bataille de Coca-Cola vire au casse-tête pour Iberian Partners, l’entreprise de mise en bouteille de la boisson américaine dans la péninsule ibérique. Depuis l’annonce de la restructuration de la société début 2014 (fusion de sept sociétés en une et fermeture de quatre autres), ses dirigeants se sont heurtés à des décisions de justice défavorables. La dernière émane du Tribunal suprême, l’une des plus hautes instances juridiques du pays : en avril, les juges ont annulé le plan de licenciement qui touchait 1 190 employés (dont 821 déjà réalisés).

RÉOUVERTURE D’UNE USINE

Du coup, Iberian Partners est obligé de réintégrer son personnel. Et ce, alors que l’entreprise espagnole devrait participer à une méga-fusion, annoncée au cœur de l’été, entre embouteilleurs européens du géant du soda, laquelle lui assurera 34 % du capital d’un ensemble Coca-Cola European Partners valorisé à 28 milliards d’euros.

Ce qui devait être un plan de restructuration comme l’Espagne en compte des milliers depuis le début de la crise économique est devenu un feuilleton judiciaire interminable. Iberian Partners, issu en 1993 de la concentration de sept embouteilleurs espagnols et un portugais, annonce début 2014 son plan de restructuration et le licenciement de 1 190 personnes. Dès juin 2014, l’Audience nationale, une haute entité judiciaire, déclare nul le plan de licenciement. Les juges estiment qu’Iberian Partners avait réuni plusieurs de ses entreprises dans un même groupe « dont la constitution et les effets n’ont jamais été communiqués ni négociés avec les représentants des travailleurs des différentes entreprises ». Par ailleurs, la sentence estime que le droit de grève a été empêché par l’embauche de travailleurs pour couvrir les absences des grévistes. Les conséquences sont dures pour Iberian Partners : obligation de réintégrer les salariés déjà licenciés et de payer rétroactivement les mois de salaires perdus. Une situation complexe, car l’entreprise avait déjà fermé plusieurs usines.

L’affaire se complique en appel. Le Tribunal suprême, dernier échelon possible pour un recours, n’a pas jugé sur le fond du plan de licenciement mais sur la procédure, estimant aussi que l’entreprise a porté préjudice au droit de grève des travailleurs. Les magistrats du Tribunal suprême expliquent que, durant le conflit, l’entreprise a transféré la production d’une des entreprises vers une autre. Dès lors, il ne considère pas « nécessaire » de se pencher sur l’analyse du motif de licenciements, contesté par les syndicats.

Après quelques semaines de réflexion, l’entreprise a annoncé la réouverture d’une des usines fermées, à Madrid. Mais les syndicats critiquent cette remise en route, car il ne s’agira pas d’une usine de production mais « d’un centre d’opérations industrielles et logistiques », selon l’entreprise. Pour les syndicats, Iberian Partners ne respecte pas le jugement du Tribunal suprême. « Les magistrats estiment que les travailleurs doivent réintégrer leurs postes avec les mêmes conditions en vigueur avant leurs licenciements. Si les lignes de production n’existent plus, les ouvriers ne peuvent donc plus y travailler et ils ne peuvent donc pas y être réintégrés », estime Juan Carlos Asenjo, porte-parole du syndicat Commissions ouvrières.

Une nouvelle bataille juridique s’annonce. « Si nous ouvrions à nouveau pour de la production, il existerait une surcapacité de 40 %. Nous mettrions en danger le futur de l’activité du groupe et aussi la part de marché de Coca-Cola en Espagne », assure la compagnie. Cette dernière interprète donc différemment le jugement, qui a certes annulé le plan de licenciement mais pas la restructuration prévue.

DANS LES MÉDIAS

EXPANSIÓN. Le nombre de “ninis” augmente

Selon des statistiques publiées par Madrid, le pourcentage des “ninis” (jeunes de 15 à 29 ans qui n’étudient pas ni ne travaillent) s’élève à 18,8 % contre 12,8 % en 2005. « Cette évolution est très forte », reconnaît le gouvernement. Ce sont surtout des hommes ayant un bas niveau de formation. 9 août 2015. Expansión, quotidien économique. Diffusion : 28 999 exemplaires.

CINCO DÍAS. Les employeurs à contribution

Les salariés espagnols sont ceux qui cotisent le moins pour leur retraite en Europe. Chacun contribue à hauteur de 4,7 % de son salaire, contre 17,1 % en Allemagne et 10,2 % en France. En revanche, ce sont les employeurs espagnols qui figurent parmi le haut du ranking en termes de cotisations en Europe. La sécurité sociale espagnole reçoit au total 28,3 % du salaire de chaque travailleur (parts salarié et employeur confondues), alors que la moyenne européenne est de 28,7 %. L’Allemagne se situe loin devant (33,3 %) et la France davantage encore (37,9 %). 17 août 2015. Cinco Días, quotidien économique. Diffusion : 26 655 exemplaires.

Auteur

  • Valérie Demon