EDF a été de longue date un terrain d’élection pour les chercheurs en sciences humaines et sociales. Dans les années 1990, des sociologues comme Renaud Sainsaulieu ou Pierre-Éric Tixier y ont conduit des études majeures sur les groupes sociaux et les identités professionnelles. L’entreprise continue aujourd’hui de nouer des partenariats avec des laboratoires de recherche pour mener des études, effectuer des thèses. Les SHS sont également représentées à la direction de la recherche et du développement.

En 2007, la création de l’Observatoire de la qualité de vie au travail, rattaché à la DRH groupe, a marqué une nouvelle étape. Sa mission : mener une réflexion sur les liens entre travail-performance et santé des salariés ainsi que sur les évolutions du travail. L’entreprise venait de connaître une vague de suicides et s’interrogeait alors sur les impacts néfastes de certains modes d’organisation. L’observatoire rassemble des représentants de différents métiers (RH, management), des organisations syndicales, la médecine du travail, des travailleurs sociaux et des chercheurs en sciences sociales. Il établit un programme de recherche. À partir de là démarrent les différentes études. Le programme actuel a pour thème “marges de manœuvre, autonomie, à quelles conditions ?”. Le directeur de l’observatoire, Jean-Baptiste Obéniche, est un ancien de l’Anact, de même que son animateur, Thierry Rochefort, par ailleurs professeur associé à l’IAE de Lyon. Leur connaissance du monde de la recherche en sciences sociales leur permet de faire l’interface entre cet univers et celui de l’entreprise.

Ils veillent en particulier à l’appropriation par l’entreprise des résultats des études : « L’objectif n’est pas de rester au stade expérimental. L’enjeu est celui de la performance RH pour les salariés, pour les équipes et pour l’entreprise. Les résultats d’une étude sont toujours réinvestis dans l’entreprise. Ils donnent lieu à des recommandations de l’observatoire à l’ensemble des métiers », souligne Jean-Baptiste Obéniche. Recommandations souvent reprises dans les accords sociaux.

Après, il faut encore du temps pour que les métiers s’en saisissent. Mais, pour le directeur de l’observatoire, « l’essentiel est de commencer ». Les premiers impacts des travaux commencent à apparaître. Les médecins du travail d’EDF disposent ainsi aujourd’hui d’un outil validé scientifiquement pour mesurer l’impact du travail sur la santé. Il s’agit du questionnaire Evrest, dispositif créé à la suite d’une étude menée dans l’entreprise par Serge Volkoff, spécialiste des relations entre âge, travail et santé. Un outil qui constitue une base de dialogue avec chaque direction pour améliorer l’organisation du travail.

Autre exemple : la démarche “Démographie du travail”, menée avec l’Anact, a été testée sur plusieurs sites. Ses résultats sont aujourd’hui utilisés par des consultants internes pour travailler sur la réduction de l’absentéisme.

Afin d’optimiser les résultats des recherches, les membres de l’observatoire s’emploient toujours à « être au bon moment au bon endroit ». Exemple : une étude en cours, confiée à un laboratoire de recherche de l’université de Nantes (Lemna) concernant les impacts sur la santé des arrêts de tranche des centrales nucléaires, qui sont des périodes de travail intense. Elle a démarré au début d’un cycle long (200 opérations programmes) d’opérations de maintenance. « Les conclusions tirées des arrêts de tranche sur quelques unités fourniront des outils et des méthodes qui permettront aux autres opérations de maintenance d’être plus performantes », illustre Jean-Baptiste Obéniche.

De même, dans le cadre d’une convention avec l’École des hautes études en sciences sociales, EDF s’apprête à accueillir un Cifre*, qui travaillera sur le parcours professionnel de salariés en situation de handicap. Objectif : outiller les partenaires sociaux alors que va bientôt s’ouvrir une nouvelle négociation sur le 10^e accord sur le handicap.

Activité

Production et fourniture d’énergie.

Effectif

72 181 salariés.

Chiffre d’affaires 2014

72,9 milliards d’euros.