Pour attirer les candidats cadres, le fabricant alsacien leur fait visiter ses usines, l’un de ses meilleurs atouts, selon lui, pour découvrir son niveau de performance technologique et organisationnelle.
Séduire par l’usine : connu pour ses marques Cuisines Schmidt et Cuisinella, le groupe Salm (Société alsacienne de meubles), a fait de la visite de ses unités de production localisées en Alsace un argument fort du recrutement et de l’intégration des nouveaux cadres venus de toute la France.
La découverte des sites ultramodernes de fabrication de Sélestat est systématiquement programmée à ce niveau d’embauche, que celle-ci porte ou non sur un poste industriel, pour les candidats qui restent en short list au terme d’une première phase de sélection.
Définitivement retenue ces dernières années, cette approche découle d’un constat dressé au fil des recrutements : l’entreprise tient avec ces « usines du futur » l’un de ses principaux pouvoirs d’attraction, capable de faire pencher la balance d’un candidat hésitant ou courtisé par d’autres employeurs. « Une fois qu’il a découvert le haut niveau de nos technologies et de notre organisation industrielle, le déclic se produit. Le principal frein pour nous rejoindre tient à cette méconnaissance de la réalité de notre entreprise. Il est bien plus important que le fait d’être localisé hors d’une agglomération », décrit Géraldine Andrès, responsable emploi et talents.
Le groupe Salm enfonce le clou au moment de l’intégration. Long d’une année entière, ce parcours initiatique comprend un stage d’une semaine en usine, un autre en magasin et des entretiens de découverte des autres services. À partir de septembre, il s’enrichira d’une journée Welcome programmée lors du mois d’arrivée. Les cadres nouvellement embauchés s’y retrouveront pour « prendre le temps de découvrir le groupe, nos métiers et nos valeurs, en particulier la vision de long terme de l’entreprise, propice à la construction d’une évolution de carrière », souligne Henry de Gevigney, responsable recrutement du groupe. La journée de bienvenue débutera par un petit déjeuner avec Anne Leitzgen, la présidente représentant la troisième génération à la tête de la société à capitaux familiaux de 1 500 salariés.
Autre facette de l’intégration récemment renforcée : le mentorat. Le terme désigne l’accompagnement du nouveau cadre pendant six mois par un membre du comité de direction qui lui transmet la culture et qui se met à l’écoute de ses observations et propositions d’amélioration, consignées dans des rapports d’étonnement. Ceux-ci sont présentés lors d’un comité de direction.
L’entreprise n’hésite pas à instaurer des mesures matérielles d’accompagnement lorsque le cadre recruté vient d’une autre région : financement du déménagement, aide dans la recherche du logement avec une agence de relocation, activation des réseaux locaux pour l’emploi du conjoint.
Cet ensemble d’investissements financiers et humains se justifie par l’ampleur et la régularité des recrutements : le groupe Salm embauche environ 60 personnes en CDI chaque année, dont une grande majorité au niveau cadre et ingénieur, jeunes en sortie d’écoles ou candidats expérimentés. S’ajoutent à ces vagues une quarantaine d’alternants. En fin d’année, le groupe mettra en ligne son premier site Web corporate, qui mettra aussi l’accent sur l’« excellence industrielle ».
L’expérience est suivie de près par l’agence de développement économique bas-rhinoise Adira, qui planche avec l’Apec et une vingtaine de DRH du territoire sur une démarche Carrière Alsace visant à attirer davantage de cadres dans la région.