APRES L’ANTIENNE DE L’AUTONOMIE ET DE L’INDIVIDUALISATION des tâches et des rémunérations, le discours managérial semble se focaliser sur le concept de reconnaissance. Celle-ci s’exprimerait par le salaire et la carrière, bien sûr, mais également par une révérence de bon aloi de l’encadrement vis-à-vis de la personnalité du salarié et des efforts qu’il accomplit au service de l’entreprise. Reconnaître le travail c’est à la fois reconnaître celui qui l’a réalisé et encourager le travailleur. Ce mouvement qui, paradoxalement, accompagne une époque où les conditions de travail deviennent à la fois plus contraignantes et plus standardisées, semble pourtant faire écho à la montée des individualismes dans la société civile. À partir d’enquêtes de terrain en entreprises, des sociologues précisent le sens du travail au 21^e siècle et ce qu’il faut comprendre du concept de reconnaissance.

Dans tous les cas, l’exigence quasi unanime de reconnaissance de la part des salariés semble corrélative de la valeur qu’ils accordent au travail. Quels que soient l’âge, l’activité, le statut social, le travail occupe une place importante dans l’existence, en temps investi et parce qu’il contribue à structurer l’identité. Reconnaître le travail, c’est prendre la mesure de la singularité du travailleur. Socialement, c’est reconnaître un modèle où la sécurité de l’emploi n’est plus garantie et où le salarié doit mériter et sa place et son pain.