Les DRH seraient-ils en train de préparer une nouvelle “guerre des talents” ? C’est la question qu’on peut se poser tant l’attraction et la fidélisation de nouveaux collaborateurs progresse dans l’agen da des DRH entre notre baromètre Défis RH 2014 et l’édition 2015. Interrogés par Inergie, en partenariat avec l’ANDRH, 27 % d’entre eux en font le principal enjeu RH au sein de leur entreprise. C’est 9 points de plus que l’année dernière et, de tous les indicateurs, c’est celui qui progresse le plus. « Dans une logique de reprise économique, les DRH veulent davantage capter des compétences, cela peut signifier que la guerre des talents repart », analyse Charles-Henri Besseyre des Horts, professeur à HEC. La tendance reste à confirmer, mais, dans le même temps, les DRH sont beaucoup moins focalisés sur la maîtrise et la réduction des coûts (28 % ; - 6 points). La concomitance de ces deux évolutions peut laisser penser que la recherche de nouvelles compétences pourrait redevenir un des grands enjeux de la fonction RH.

Autre évolution notable d’une année sur l’autre, le moindre intérêt des DRH pour leur propre compréhension des “enjeux business” (13 % ; - 6). « Soit les DRH sont en train de se désintéresser de la question, ce dont je doute beaucoup, s’agissant notamment des jeunes, soit ils estiment qu’ils sont déjà “business minded” et se tournent vers d’autres sujets », explique Charles-Henri Besseyre des Horts.

Quoi qu’il en soit, ces évolutions n’affectent pas vraiment la hiérarchie de leurs priorités. L’accompagnement des managers s’affirme comme le premier sujet de préoccupation des DRH. Qu’il s’agisse de développer les compétences des managers (48 % ; stable) ou de les accompagner dans leurs missions RH (45 % ; + 6).

L’accompagnement des réorganisations se place en troisième position (36 % ; stable). Comme l’explique Jean-Paul Charlez, président de l’ANDRH et DGRH d’Etam, la “réorganisation” d’une entreprise n’a pas la connotation négative d’une “restructuration” ; il s’agit simplement d’un processus normal d’adaptation. L’organisation de l’entreprise serait même, selon Charles-Henri Besseyre des Horts, « un nouveau territoire des DRH »(1). « Plus l’entreprise se digitalise, plus les DRH seront impliqués, car l’enjeu n’est pas la technologie mais l’organisation », explique-t-il, citant le cas de Danone, qui a intégré depuis longtemps sa fonction d’organisation à la DRH. À la quatrième place de l’agenda des DRH, le développement du savoir-faire technique des salariés (31 % ; stable) remplace la réduction des coûts, devant l’attraction de nouveaux collaborateurs et l’identification de compétences clé (23 % ; stable), le développement du dialogue et de l’écoute (21 % ; stable), l’amélioration de la qualité de vie au travail (20 % ; stable) et l’amélioration du climat social (idem).