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L’enquête

UN SUIVI DE CARRIÈRE RÉGULIER POUR RÉUSSIR LE RETOUR

L’enquête | publié le : 16.06.2015 | Nicolas Lagrange

La compagnie ferroviaire reste en contact régulier avec ses expatriés pour connaître leurs attentes et les aider à se projeter sur le poste suivant.Les perspectives de carrière sont facilitées par la mise en place d’outils dédiés.

« Il faut gérer le retour en France comme une nouvelle expatriation, car le choc culturel est bien présent, après un fonctionnement en mode start-up en Grande-Bretagne. » C’est la conviction d’Aymeric Dessus de Cérou, 35 ans, rentré de Londres à l’été 2014 avec sa famille à l’issue d’une mission de trois ans. « Il faut rester en contact avec son entité d’origine, entretenir son réseau et réfléchir à son avenir, faute de quoi, on peut décrocher et ne plus être en course pour de futurs projets », ajoute l’ingénieur d’exploitation ferroviaire.

Depuis janvier 2012, les 150 expatriés de la compagnie ferroviaire peuvent s’appuyer sur le département RH internationales, créé et dirigé par Anne Boucher : « Nous faisons le point avec chacun d’eux, un an avant leur retour prévu, pour confirmer l’arrêt de leur mission ou envisager une prolongation. Six mois avant le retour, les conseillers carrière et notre département travaillent avec les expatriés sur leurs aspirations, les aident à identifier les compétences comportementales acquises (très souvent, une capacité à prendre des initiatives et une autonomie renforcées) et à rédiger leur CV. Pour ensuite rechercher un poste, de nouveau à l’international ou en France. » Aymeric Dessus de Cérou le confirme, « la transformation d’une envie en un projet concret se joue dans les six derniers mois. Je savais ce que je voulais faire : prendre un poste de management dans le matériel roulant, plutôt qu’un poste d’expert. Anne Boucher m’a aidé à orienter mes recherches, en me disant ce qui était réaliste et logique compte tenu de mon expérience et de la culture d’entreprise. Ensuite, le contact avec différents recruteurs, qui vous imaginent plus ou moins bien à différents postes, vous aide à affiner votre projet. Résultat, moyennant une immersion de trois semaines en doublon en juin et juillet, je suis rentré de Londres en août 2014 et j’ai pris un nouveau poste en septembre à Paris. » À savoir directeur de production d’un centre de matériel roulant employant plus de 200 salariés : une belle progression de carrière.

Difficile pour autant de reproduire ce cercle vertueux pour tous les expatriés à leur retour. « Nous leur demandons de considérer leur future affectation comme un nouveau défi et de hiérarchiser leurs priorités, explique Anne Boucher : le lieu géographique, la nature du job, l’éventail des responsabilités ? Ils ne pourront pas forcément être satisfaits sur tous les plans et seront moins attendus, voire moins bien accueillis qu’à leur arrivée à l’étranger. Le retour est moins excitant que le départ, il faut s’y préparer. » S’ils n’ont pas un poste définitif au retour, les expatriés se voient confier une mission temporaire (pas plus de deux mois en 2014) et sont interrogés six mois plus tard via un questionnaire de satisfaction détaillé.

« Il n’y a pas de promesse de promotion systématique, car une expérience internationale est prise en compte dans un parcours comme un autre poste, mais lorsqu’on regarde les CV des cadres dirigeants, on constate de plus en plus qu’ils ont été expatriés », remarque Anne Boucher. Ceux qui souhaitent repartir à l’étranger peuvent utiliser la bourse à l’emploi ou le compte Twitter dédié. Les expatriés sont par ailleurs intégrés dans un vivier international de candidats. Un vivier constitué en 2013 sur la base des compétences recherchées par les directeurs de projet internationaux des différentes filiales, avec un site dédié, une actualisation des profils des candidats deux fois par an et des événements réguliers, tels que des rencontres avec des managers internationaux. La SNCF a également proposé cette année une démarche de VAE pour les membres de ce vivier.

GARDER LE CONTACT

Last but no least, pour réussir les retours, selon Anne Boucher : « Mieux vaut ne pas rater les départs et entretenir des contacts réguliers avec les expatriés. Nous avons créé une rubrique consacrée aux départs sur le site intranet avec notamment un questionnaire d’autoévaluation, permettant aux salariés d’estimer leur capacité à s’expatrier. Au cours de la mission à l’étranger, un point est fait annuellement avec chaque salarié. Nous échangeons sur ses projets ultérieurs, pour l’inciter à se projeter sans attendre le retour. » Les RH organisent également des visioconférences, notamment avec une douzaine de personnes d’un même métier disséminées dans le monde, afin de permettre aux expatriés de travailler leur réseau. Enfin, un guide d’autoévaluation des compétences acquises est envisagé à moyen terme, pour outiller davantage les expatriés dans la perspective du retour.

REPÈRES

Activité

Transport de personnes et de marchandises.

Effectif

250 000 salariés dans le monde dont 150 expatriés.

Chiffre d’affaires 2013

32,2 milliards d’euros.

Auteur

  • Nicolas Lagrange