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LA SEMAINE

Yves Lasfargue DIRECTEUR DE L’OBSERVATOIRE DES CONDITIONS DE TRAVAIL ET DE L’ERGOSTRESSIE (OBERGO)

LA SEMAINE | l’interview | publié le : 02.06.2015 | Emmanuel Franck

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Yves Lasfargue DIRECTEUR DE L’OBSERVATOIRE DES CONDITIONS DE TRAVAIL ET DE L’ERGOSTRESSIE (OBERGO)

Crédit photo Emmanuel Franck

« Les télétravailleurs travaillent plus longtemps et sont satisfaits »

Vous venez de publier l’enquête annuelle de l’Obergo sur le télétravail, dans laquelle vous mettez à jour le paradoxe de ce mode d’organisation. De quoi s’agit-il ?

Les 406 télétravailleurs interrogés dans cette étude, réalisée avec le soutien de la CFDT Cadres, déclarent quasi unanimement (95 %) que la qualité de leur vie personnelle s’est améliorée du fait du télétravail, mais 61 % estiment que leur temps de travail est plus long. Là est le paradoxe : ces salariés travaillent plus longtemps et ils sont satisfaits. Ces personnes, qui travaillent une partie de la semaine à leur domicile (1,84 jour en moyenne) et dont 31 % vivent en Ile-de-France, remplacent en fait leur temps de trajet par du temps de travail. Ce qui montre que l’allongement de la durée du travail n’est pas négatif dès lors qu’elle recoupe du travail choisi.

Car, avec le télétravail, les salariés échappent aux contraintes des transports et, surtout, gagnent la liberté de choisir comment ils vont utiliser le temps gagné – en général en avançant leurs horaires de travail – la liberté de travailler seul sans subir les contraintes du travail collectif – en particulier dans les open spaces – et celle de pouvoir réaliser certaines activités personnelles – visite médicale, banque… – sans autorisation.

À noter que le télétravail concerne autant les hommes – 54 % – que les femmes ; les uns et les autres en retirent la même satisfaction.

Mais le télétravail a aussi des conséquences négatives.

On parle en fait essentiellement de télétravail à temps partiel ; les risques qu’on imaginait ne se réalisent pas dans ces conditions. Ainsi, l’impact négatif sur les liens avec les collègues intervient à partir de trois jours de télétravail par semaine, l’impact sur le lien avec les collaborateurs surtout à partir de quatre jours, celui sur les rémunérations et la carrière à partir de trois jours. Conclusion : il ne faut pas dépasser deux à trois jours de télétravail par semaine.

Avec une loi et une centaine d’accords d’entreprise, le télétravail est de plus en plus encadré. Est-ce une bonne chose ?

Oui, parce que l’arbitraire qui sévit dans le télétravail “noir” recule. Mais on constate, du même coup, une rigidification des modalités du télétravail, qui s’accompagne de demandes de souplesse : dans le nombre de jours de télétravail – deux au lieu d’un –, dans la gestion de ces jours – possibilité de rattraper un jour supprimé – et dans leur programmation (annualisation).

Auteur

  • Emmanuel Franck