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MERYEM LE SAGET CONSEIL EN ENTREPRISE

La chronique | publié le : 02.06.2015 |

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MERYEM LE SAGET CONSEIL EN ENTREPRISE

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Tuer une entreprise, c’est possible

Il est très souvent question de développer les organisations ou de favoriser leur croissance. Pourtant, l’art de détruire une entreprise et notamment de « tuer son âme » est sans doute tout aussi répandu… Je suis sûre que vous reconnaîtrez certains de ces poisons redoutables.

Se focaliser exclusivement sur les résultats. Ce qui constitue pourtant un bon principe d’efficacité peut devenir totalement délétère. On ne regarde que les chiffres, on manage par la dernière ligne du compte de résultat, on s’obsède sur la réduction des coûts, bref, on gère des finances plutôt que de se concentrer sur l’amélioration des produits ou des services. Dans ces entreprises, la langue parlée n’est pas la « satisfaction du client » mais le tableur Excel.

Rajouter des actions sans jamais prioriser. Dans le rythme de travail accéléré que nous vivons, rien de tel pour étouffer un collectif. On empile les exigences, on lance de nouveaux projets (tous majeurs pour l’entreprise), on ajoute des initiatives… sans jamais rien enlever. Parfois même, on réduit parallèlement les ressources. Les journées deviennent folles, les personnes essaient de faire face, sont débordées, fatiguées, puis démoralisées. Finalement, elles se désengagent par dépit ou font un burn-out. On n’a tout simplement pas compris que vivre dans le monde actuel, avec ses milliers d’urgences et d’opportunités, exigeait la « priorisation ».

Oublier les salariés. Plus précisément, les considérer comme de la « chair à travail » et non comme des personnes qui savent réfléchir et proposer des solutions. Or une entreprise est un construit social, pas seulement économique. On aura beau recruter quand l’économie s’embellit et licencier pour redorer la présentation des comptes face aux analystes, ce sont bien les personnes, leurs compétences et leurs initiatives qui font la valeur ajoutée d’une entreprise. Traitées de cette façon, donneront-elles le meilleur d’elles-mêmes ?

Éviter soigneusement la complexité. Dans certaines organisations, c’est une vraie maladie. Vouloir que tout soit logique, rationnel et simple : blanc ou noir, positif ou négatif, produisant tout de suite des résultats et, bien sûr, facile à mettre en œuvre en trois étapes clés. Mais le monde n’est pas binaire, et la nature encore moins. Accepter d’observer, réfléchir, s’ouvrir, discuter, prendre en compte les diverses facettes d’une situation sont des compétences essentielles pour agir intelligemment.

Promouvoir les managers sans regarder comment ils se comportent vis-à-vis des autres. On encombre ainsi les rangs supérieurs de narcissiques qui ne pensent qu’à soi. Ils savent séduire leurs supérieurs, les enfumer en soignant leur image et passent le reste aux abonnés absents. Leur regard est exclusivement tourné vers le haut, ni autour d’eux ni vers le bas. Certains ne savent même pas que leurs collaborateurs ont une famille et des enfants…

Ne croire qu’à l’exécution immédiate, sans test. Si le projet est bien pensé, cela doit marcher. Pas d’essai-erreur, pas de phase pilote, pas d’apprentissage et, surtout, pas de débriefing des expériences : de l’action ! Il faut aller vite et éviter les atermoiements. Et la réflexion collaborative alors ? Pour ces managers, elle fait presque partie du flou artistique inutile. Pourtant, plus les situations sont complexes, plus une réflexion systémique étayée par l’expérimentation s’avère nécessaire.