La greffe a pris. Il y a un an, Octo Technology, entreprise parisienne employant 200 personnes dans le conseil en systèmes d’information pour différents secteurs (banque-assurance, télécoms-médias-loisirs, industrie-énergie), lançait les “tribus”. « Nous voulions conserver notre dynamique de petite entreprise d’experts informatiques à forte culture d’innovation et de partage, au moment où il fallait démultiplier notre croissance », explique la DRH, Isabelle Marcé.

Le 1^er avril 2014, Octo Technology propose à ses salariés de s’organiser, s’ils le désirent, par groupes de dix personnes au maximum, constitués autour d’un leader et d’une amélioration de l’offre de services de l’entreprise. La direction doit donner son feu vert : elle vérifie la solidité de l’équipe et du projet, qui doit correspondre aux besoins des clients. Puis elle suit le travail de la tribu en l’auditionnant tous les trois mois.

La direction n’assigne pas d’objectif aux tribus en termes de chiffre d’affaires rapporté, mais plutôt en matière de taux d’activité (part du temps de travail passé en mission chez les clients), sachant qu’il est plus bas chez Octo Technology que la moyenne du secteur informatique : 78 % contre environ 90 %, selon Isabelle Marcé. À cet effet, l’entreprise demande aux salariés de faire preuve de créativité. Ce qui passe par du travail personnel, la participation à des listes de discussion par e-mail, des présentations à l’heure du déjeuner, une mini-conférence mensuelle avec trois ou quatre exposés dans la matinée.

Nouveau vecteur d’innovation, l’idée de la tribu a séduit le personnel : l’entreprise en compte 13, qui réunissent 160 salariés (64 % de l’effectif). Quatre dans les domaines historiques d’Octo Technology : la mobilité, le big data, les infrastructures, l’ergonomie. Les autres sont centrées sur des thèmes plus transversaux, comme l’efficacité dans le développement.

Pour Isabelle Marcé, cette stratégie a produit des résultats. Notamment en générant de nouveaux contrats – en 2014, le chiffre d’affaires est passé de 24,1 à 27,6 millions d’euros. Afin de les honorer, l’entreprise a augmenté ses effectifs de 14,6 %, pour atteindre 240 collaborateurs.

« Ma crainte de DRH était que les tribus se referment sur elles-mêmes. Mais non ! L’esprit start-up s’est concrétisé. Elles s’entraident, interviennent en tant que spécialistes auprès des autres consultants. La compétence individuelle et collective a progressé », estime la DRH.

Le recrutement aussi a évolué. Isabelle Marcé privilégie désormais des informaticiens déjà spécialisés en big data, en mobilité ou en interfaces, alors qu’elle s’en tenait, jusqu’ici, au classique profil de consultant en architecture des systèmes d’information. Autre avantage : le service formation, qui a pour habitude de s’appuyer sur des experts internes, trouve de nouveaux animateurs dans les tribus.

Isabelle Marcé est en train de réviser la cartographie des carrières internes, mais la nouvelle organisation permet d’ores et déjà de fidéliser les troupes : les membres de tribu peuvent décrocher une prime en fonction du taux d’activité et leur chef, un bonus d’un demi-mois de salaire. Enfin le turnover, sur douze mois glissants, est passé de 21,8 % en décembre 2013 à 15 % en mars 2015.