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Sur le terrain

EMPLOI : Lafarge France encadre les mobilités POUR ÉVITER DES LICENCIEMENTS

Sur le terrain | Pratiques | publié le : 26.05.2015 | Mariette Kammerer

Dans un contexte de baisse d’activité, le groupe de matériaux de construction encourage les mobilités internes et externes en utilisant les dispositifs issus de la loi de sécurisation de l’emploi.

Après quatre mois de négociation, la direction de Lafarge France devrait signer avec trois syndicats (CFDT, CFTC, CFE-CGC) un accord de gestion de la promotion de l’emploi et des mobilités (GPEM). Objectif ? « Accompagner les évolutions des métiers » dans un contexte de forte concurrence et « adapter les ressources aux besoins de l’entreprise », indique le texte.

« Cette démarche ne doit pas être confondue avec d’éventuels projets de restructuration impliquant une réduction d’effectifs », précise le préambule. « La volonté de sécuriser l’emploi et d’éviter un PSE nous a convaincus de signer », indique Philippe Springinsfeld, coordinateur CFTC. Un point crucial alors que le cimentier vient d’annoncer 166 suppressions d’emploi en France, conséquence de la fusion avec Holcim, prévue en juillet.

Cet accord, que la direction n’a pas souhaité commenter, est prévu pour une durée de trois ans et concerne les activités granulats, béton et ciment, soit 5 400 salariés. Avant signature, un observatoire des métiers doit identifier des catégories de métiers : stratégiques, en tension, en turnover et enfin critiques, c’est-à-dire en sureffectif. En fonction de leur appartenance à telle ou telle catégorie, un pôle carrière-mobilité proposera aux salariés des passerelles entre filières et métiers, et des parcours de formation adaptés.

Les salariés occupant un métier critique et qui prennent l’initiative d’une mobilité intragroupe bénéficient d’un parcours d’adaptation et de formation, et peuvent réintégrer leur poste d’origine si l’essai n’est pas concluant. Pour une mobilité extragroupe, cette possibilité de retour “sécurisé” peut durer jusqu’à neuf mois. Une fois la mobilité confirmée, une compensation peut être versée par Lafarge pendant vingt-quatre mois en cas de baisse de salaire.

Aides financières

Après un processus d’information-consultation, des mobilités géographiques et fonctionnelles peuvent être imposées par l’employeur « dans le cadre de mesures collectives d’organisation », sur un autre site ou dans une autre filière. Jusqu’à 50 km ou 1 h 15 de transport urbain, l’employeur prend en charge le déménagement ou finance le coût supplémentaire de transport et, de manière dégressive, le différentiel de loyer et les frais de garde supplémentaires.

En cas de mobilité plus lointaine, l’accord prévoit en outre différents types d’aide au logement, une indemnité de 3 500 euros au conjoint privé d’emploi et son accompagnement par un cabinet spécialisé à hauteur de 8 000 euros. « Ces différentes mesures intéressent en particulier les salariés de l’activité granulats, la plus touchée par la crise et, jusqu’ici, peu protégés en cas de mobilité contrainte », explique Georges Lafont, coordinateur CFE-CGC qui, pour cette raison, a accepté de signer. La CGT, qui a quitté très tôt la table de la négociation, estime à l’inverse que cet accord permet à Lafarge, « au nom de la sous-activité », « d’adapter unilatéralement et sans conditions les effectifs » et de licencier en cas de refus de mobilité.

Un salarié refusant une mobilité s’expose en effet à un licenciement individuel pour motif économique et bénéficie des mesures suivantes : un congé de reclassement de neuf à quinze mois selon son âge et des formations d’adaptation ou de reconversion pouvant aller jusqu’à 11 000 euros.

L’accord prévoit enfin des indemnités de licenciement supra-légales allant de 10 000 à 30 000 euros, ainsi qu’une aide de 3 500 euros au nouvel employeur et une compensation de baisse de salaire pendant vingt-quatre mois. « Auparavant, un refus de mobilité pouvait se solder par un licenciement pour faute, rappelle le délégué syndical CFTC. Là, nous avons négocié le maximum. »

La direction compte enfin sur quelque 450 départs anticipés en trois ans, via un dispositif de période de transition d’activité (PTA) détaillé dans un accord spécifique indissociable de l’accord GPEM et permettant aux salariés de partir trois ans avant la retraite en conservant 70 % à 80 % de leur salaire.

Auteur

  • Mariette Kammerer