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L’enquête

UN INVESTISSEMENT INITIAL GARANTI

L’enquête | publié le : 26.05.2015 | Nicolas Lagrange

Le groupe de services informatiques vient de réaliser sa 3e grande opération d’actionnariat salarié en France et à l’international. Misant sur un dispositif à effet de levier plutôt que sur l’épargne salariale.

Près de 3 % du capital souscrit par plus de 18 000 collaborateurs dans le monde et plus d’un tiers de l’effectif français… le troisième plan d’actionnariat salarié de Capgemini, achevé fin 2014, a permis aux salariés de détenir au total 6,2 % des actions. Pourtant, le groupe de services informatiques ne s’est lancé dans l’actionnariat salarié qu’en 2009, tardivement au sein du CAC 40.

La direction décide, à l’époque, de remplacer les stock-options par des actions gratuites sous conditions de performance pour les cadres dirigeants et les hauts potentiels. Parallèlement, une augmentation de capital à destination des salariés est lancée dans tous les pays de plus de 500 collaborateurs, nécessitant huit mois de préparation. « Notre objectif était d’associer les salariés à la performance et de leur permettre de détenir une part du capital dans un projet de dimension internationale, commente François Chevrier, secrétaire général adjoint de Capgemini. Nous ne sommes pas sur une approche de rémunération, mais d’association et de rétention. »

EFFET DE LEVIER

Le dispositif choisi est une opération à effet de levier, qui garantit a minima le montant de l’investissement initial en euros : le salarié acquiert une action via le FCPE, lequel emprunte au nom de ce dernier pour acheter neuf autres actions. Il perçoit la décote et le dividende à la place du salarié, de manière à financer la garantie avec un montage financier ad hoc. Chaque mois, par le biais de l’intranet, le salarié est informé du cours de l’action, les performances négatives ne remettant pas en cause les plus-values réalisées mensuellement. Au terme des cinq ans (durant lesquels aucun déblocage n’est possible, hors cas prévus par la loi), le salarié récupère le montant de son action et, si le cours a monté, bénéficie d’un gain selon une formule tenant compte de la moyenne des plus-values constatées sur les 60 relevés mensuels de la période.

« Lors de notre première opération en 2009, avec une action volatile et en pleine crise financière, nous avons jugé que garantir l’investissement initial était un élément essentiel de l’offre », insiste François Chevrier. À chaque plan, en 2009, 2012 puis 2014 (sursouscrit systématiquement), les salariés ont investi en moyenne 1 200 à 1 370 euros. L’année dernière, à l’issue de la période de blocage de cinq ans de la première opération, 80 % des salariés français ont vendu leurs actions, récupérant 3 240 euros pour 1 200 euros investis. Et décidé, pour beaucoup d’entre eux, d’en réaffecter une partie dans le troisième plan engagé à l’automne. Un plan qui a intéressé 14 % de l’effectif mondial, avec de fortes disparités selon les pays : 36 % en France, 30 % en Allemagne, 25 % aux Pays-Bas, mais 10 % seulement au Maroc, où les contraintes réglementaires sont fortes.

SYNDICATS EN RETRAIT

« Nous communiquons beaucoup auprès des salariés actionnaires, indique François Chevrier. Chaque année, nous organisons un événement en ligne, au cours duquel le directeur financier explique la stratégie du groupe à près de 4 000 souscripteurs. » De leur côté, les organisations syndicales se tiennent plutôt en retrait. « Les résultats du premier plan sont bons, reconnaît Noureddine Benali, délégué syndical (DS) CFTC. Nous contribuons à informer les salariés, sans leur faire de recommandation. » Mais « les salariés modestes ont du mal à souscrire, avance Frédéric Boloré, DS CFDT (1er syndicat). Nous préférerions une meilleure politique salariale avec des impacts immédiats et une amélioration des outils d’épargne salariale. En effet, nous n’avons pas d’accord d’intéressement ; la participation est calculée au niveau de chaque filiale générant des résultats très hétérogènes. Enfin, le PEE ne comporte aucun abondement. » La direction, elle, estime justifié de réserver la participation (plus avantageuse que la formule légale) aux filiales qui génèrent des profits. Et souligne que le plan d’actionnariat salarié satisfait prioritairement les demandes des salariés aux revenus modestes en cas de sursouscription.

REPÈRES

Activités

Conseil en management, services, infogérance.

Effectif 2014

143 000 collaborateurs dans le monde, dont 22 600 en France.

Chiffre d’affaires 2014

10,5 milliards d’euros.

Auteur

  • Nicolas Lagrange