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PHILIPPE DÉTRIE LA MAISON DU MANAGEMENT

La chronique | publié le : 26.05.2015 |

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PHILIPPE DÉTRIE LA MAISON DU MANAGEMENT

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Comment devenir optimiste ? (2/2)

C’est une force, un moteur, une énergie positive et entraînante. « L’optimisme est une force parce qu’il fait aller de l’avant », confirme Boris Cyrulnik (Le Figaro du 2 janvier 2015). Ni une doctrine philosophique, ni un trait de caractère, ni un sentiment, comme nous l’avons vu dans ma précédente chronique*. Mais une force qui pousse à prendre les choses en main pour aller de l’avant. L’optimiste d’action croit qu’il peut changer certaines situations. Pas toutes, car le bon navigateur n’ira pas négocier avec les écueils, il les évitera. Mais certaines situations, où il utilisera les marges de manœuvre qu’il possède et que lui offre l’environnement.

L’optimiste d’action n’est pas un béni-oui-oui ni un don Quichotte qui ne veut pas voir ce qui est, mais préfère voir ce qu’il veut. Il voit ce qui est et décide d’agir pour changer. Il ne refuse pas de regarder le mauvais côté des choses, il refuse de s’y attarder car il veut aller de l’avant. Il est tout aussi lucide et critique que le pessimiste sur la précarité de nos projets, la médiocrité de nos vies, la stupidité de nos guerres, l’imbécillité de nos querelles malveillantes, la vanité de nos opinions… Mais il est convaincu que son action peut changer le cours des choses. Il transforme le fataliste « c’est comme ça » en un dynamisant « essayons », la difficulté en opportunité, comme le résumait Winston Churchill.

L’optimiste d’action par excellence est l’entrepreneur.

Il a le sens des réalités et croit dans son pouvoir d’action, même quand les éléments ne sont pas favorables. Il mobilise ses forces, il identifie des opportunités, il « optimise » son rapport avec autrui, avec l’extérieur, avec ce qui va advenir. Il exploite au mieux, intègre les contraintes, maximise ses chances. C’est un résilient à la passivité : il ne rumine pas, il chemine. C’est le chômeur qui rebondit, c’est l’accidenté qui se rééduque, c’est le développeur qui investit, c’est le manager qui fait confiance. Il a foi en ses chances de réussite et met tous les atouts de son côté.

Cinq pistes pour devenir optimiste

1. Faites des enfants avec un conjoint optimiste. Selon le psychiatre Alain Braconnier auteur de Optimiste, l’aspect génétique est impliqué à 20 % dans ce trait de caractère. Pour nous déjà nés, c’est trop tard et remercions (ou non !) nos parents !

2. Élevez vos enfants dans un environnement affectif sécurisant, joyeux et confiant. Ils en retireront estime de soi, envie de progresser, plaisir de vivre. Là aussi, tout est joué pour nous, puisque nous sommes pour bonne part le produit de notre éducation.

3. Faites évoluer progressivement vos schémas de pensée. Luc Simonet, le créateur de la Ligue des optimistes, cite sa fille : « Chouette, un beau jour de pluie ! ». Derrière chaque événement peu favorable qui pourrait nous conduire à la résignation se niche une source d’opportunités fécondes. Transformons le pépin en pépite !

4. Agissez profondément sur votre caractère. Une analyse personnelle peut révéler une part de manque dans votre vie par rapport à vos désirs et ainsi libérer de freins intimes profonds la concrétisation de certaines envies.

5. Prenez des médicaments si cela va vraiment mal, vous savez, ces petites pilules anxiolytiques qui vous font dire : « Tout va bien, tout va bien… ». Bien sûr, à éviter si vous pouvez, ainsi qu’alcools, drogues et autres substances stimulantes ou hallucinogènes qui font voir le paradis sur terre… L’optimisme est peut-être à portée de joint, mais aussi à portée d’effets non désirés et d’addiction…

Privilégions la troisième voie, la plus simple pour nous : changer son regard, se projeter dans un avenir voulu, s’appuyer sur ses forces et sur les opportunités, agir en conséquence. Léon Daudet écrivait : « Autant l’optimisme béat, c’est-à-dire inactif, est une sottise, autant l’optimisme compagnon de l’effort est légitime. »

Les indignés dénoncent, et c’est bien. Les innovateurs imaginent, et c’est trop bien. Entre les deux, les optimistes agissent, et c’est tant mieux !

* Lire Entreprise & Carrières n° 1238/39.