LE CAPITALISME a institué un salariat à deux vitesses, partagé entre, d’un côté, un marché du travail primaire composé de salariés bien formés, plutôt bien rémunérés et protégés par le Code du travail ; et, de l’autre, une frange toujours plus large de précaires abonnés au chômage de longue durée ou aux emplois peu qualifiés et à toutes sortes de contrats : CDD, intérim, temps partiels, stages, vacations… Le présent ouvrage, dirigé par un enseignant de l’université de Liège, entend souligner l’urgence sociale et politique de prendre le problème à bras-le-corps. Pour ce faire, il cherche à tenir compte aussi bien de la tradition de pensée française – représentée par exemple par Bourdieu ou Boltanski – que de la tradition de la philosophie allemande, et notamment du marxisme. Mais, dans leur volonté d’intégrer ces deux courants de pensée, les auteurs récusent ici le fait que l’individu, passif, accepte et finalement contribue à entretenir le système par sa frénésie de consommation. Ils mettent en exergue les tentatives concrètes d’émancipation et le fait que les victimes du capitalisme actuel ne sont pas seulement les victimes consentantes des schèmes de pensée que la société de consommation leur propose, mais sont assez souvent lucides à l’égard de l’idéologie libérale et de ses méfaits.