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L’enquête

UN « PUISSANT ÉLÉMENT DE RÉFLEXION » MAIS UNE MISE EN Œuvre CHAOTIQUE

L’enquête | publié le : 14.04.2015 | L. G., V. G.-M., L. P.

Le CPF suscite beaucoup d’interrogations et d’attentes. Mais les responsables formation comme les consultants affirment leur crainte d’une nouvelle usine à gaz.

Le compte personnel de formation (CPF) porte-il un espoir trop grand pour lui ? La question se pose. Certes, « la création du CPF pousse à repenser la formation, car c’est un puissant élément de réflexion », affirme Thierry Vaudelin, responsable formation de Manpower et président du Garf Challenge. Mais pour autant, poursuit-il, beaucoup de responsables de formation se demandent comment il va vraiment fonctionner. « Les infos concrètes sont encore floues, nombre d’Opca ne sont pas encore prêts en termes de procédures internes de gestion, et le financement du CPF pour cette première année reste un problème entier. Il peut en partie être pris sur la professionnalisation, mais les Opca ne peuvent être que prudents sur cet engagement, car ce n’est que lors de la prochaine collecte – celle de mars 2016 sur la masse salariale 2015 – qu’ils connaîtront la masse financière réellement allouée au CPF. » Pour l’instant, conclut-il, il faut encourager les salariés à créer leur compte sur le site de la Caisse des dépôts.

UN CERTAIN FLOU

Catherine Sader, responsable du développement RH de JTekt, pense également « qu’il règne encore un certain flou, notamment sur la date à laquelle la liste CPF régionale sera disponible ». Mais elle a choisi de gérer le CPF via un versement à l’Opca, « car cela simplifie la tâche administrative ». Elle préfère, au démarrage, que l’entreprise soit accompagnée par son Opca dans la mise en œuvre de ce dispositif. « Quand les listes CPF seront complètes, et si une ou plusieurs certifications peuvent être pertinentes pour un collectif de salariés et, en fonction des volumes que cela peut représenter, nous réétudierons éventuellement la question. Par exemple, lors de la renégociation triennale sur la GPEC. La possibilité de combiner CPF et plan de formation sera intéressante, notamment en cas de formation certifiante longue à la demande de l’employeur, abondée avec la période de professionnalisation. » Cet avis sur l’intérêt de la combinaison CPF-plan de formation est partagé par Sylvain Martinet, responsable formation de TNT : « Au niveau de l’entreprise, je pense que le CPF doit faire l’objet d’une politique interne dynamique, permettant d’orienter et de favoriser des projets de formation où salariés et entreprise s’y retrouvent conjointement. Car, du fait des limites inhérentes au dispositif – en termes de durée et de financement –, ma conviction est que le CPF ne trouvera une existence, dans l’entreprise ou en dehors, qu’au travers des cofinancements : des Fongecif, des entreprises, des bénéficiaires eux-mêmes, etc. »

Mais, pour l’heure, lui aussi estime que la mise en œuvre du CPF est « chaotique », et qu’il est difficile de prendre position sur une gestion en interne ou non tant que le contour du dispositif lui-même n’est pas encore clairement défini : « Nous ne connaissons toujours pas toutes les formations éligibles, aucun des acteurs n’est vraiment prêt à mettre en œuvre ce dispositif, et notre branche professionnelle ne s’est pas encore positionnée : c’est l’expectative. »

De son côté, c’est plutôt l’image du « nouveau-né » que retient Frank Morcant, dirigeant de Cimes, société d’externalisation de la gestion de la formation : « Le dispositif CPF est opérationnel, puisqu’en mars, un premier dossier a été accepté chez un client ! Mais, pour la majorité d’entre eux, le CPF est un sujet de second semestre 2015, voire de 2016. »

UN « CASSE-TÊTE » POUR LES SALARIÉS

Christophe Parmentier, directeur associé du cabinet conseil Clava, fait le même constat : « Les entreprises ont rempli leurs obligations d’information. Mais les salariés ne se sont pas emparés du CPF : un million d’actifs ont ouvert leur compte sur les 23 millions de bénéficiaires potentiels, on est loin de l’engouement escompté. De plus, aucune procédure de mise en œuvre et de prise en charge n’est harmonisée, et tout est renvoyé à la discrétion de chaque Opca. Avec la complexité du système de listes, c’est un véritable casse-tête pour les salariés. »

Auteur

  • L. G., V. G.-M., L. P.