logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

L’enquête

UN OUTIL UNIVERSEL SANS BUSINESS MODEL ?

L’enquête | publié le : 14.04.2015 | L. G.

Le CEP a-t-il vraiment les moyens d’offrir gratuitement un accompagnement personnalisé à tout salarié ? Certains en doutent.

Le conseil en évolution professionnelle (CEP) est « un accompagnement gratuit et personnalisé proposé à tout salarié souhaitant faire le point sur sa situation professionnelle et, s’il y a lieu, élaborer et formaliser un projet d’évolution professionnelle (reconversion, reprise ou création d’activité…) ». Il est assuré par des conseillers de Pôle emploi, l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), les missions locales, les Opacif, le CAP emploi pour les personnes en situation de handicap. À l’issue de l’entretien, un document de synthèse est remis au salarié récapitulant son projet d’évolution professionnelle et la stratégie envisagée pour sa mise en œuvre. Par exemple, une formation éligible au compte personnel de formation. Chaque employeur doit informer ses salariés de la possibilité de recourir à cet accompagnement à l’occasion de son entretien professionnel.

« Ce CEP sera un bon outil pour accompagner les salariés », pense Thierry Vaudelin, de Manpower. Mais Catherine Sader, responsable du développement RH de JTekt, reconnaît « rencontrer des difficultés à obtenir des réponses précises sur ce dispositif ». Rien d’étonnant, car quelle peut être l’équation financière de la gratuité d’un tel service pour 16 millions de salariés ou 25 millions d’actifs ? Est-elle tenable ? Et qu’y gagnera de plus le salarié comparativement à aujourd’hui ?

ÊTRE ACTEUR DE SON PARCOURS

« Le CEP est la plus grande innovation de la réforme, assure Philippe Joffre, de Paradoxes Conseil, celle qui peut potentiellement réduire les inégalités face à l’accès à l’information et à la formation, en donnant aux collaborateurs la possibilité d’être acteurs de leur parcours et de leur “navigation professionnelle”. Un des gros progrès de l’esprit de la réforme est en effet de reconnaître que la question de l’employabilité et de la mobilité professionnelle ne relève pas que d’un problème d’accès à la qualification ou à la formation, mais d’un accès aux phases d’information, bilan, orientation, accompagnement… C’est ça la “vraie” inégalité. »

Le problème, poursuit-il, est que « l’ambition de gratuité et d’universalité d’un tel service nécessite une véritable réflexion sur ses business models. Or, si l’idée d’un grand service public gratuit et universel de l’orientation est séduisante, l’insuffisance des moyens et investissements pour créer et outiller un nouveau geste professionnel, professionnaliser les acteurs et accompagner le changement, conduit, pour l’heure, à une impasse. Pôle emploi, Opacif, Apec et autres vont a priori proposer ce qu’ils savent faire, ce qui risque souvent de nous ramener à une simple prescription de formation, avec une capacité de conseil et d’accompagnement limitée. C’est autre chose de travailler sur des projets professionnels en lien avec des projets de vie, dont la formation n’est qu’une des dimensions ».

Auteur

  • L. G.