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Sur le terrain

Prévention : LA SEM DE BELFORT OPTIMISE le désamiantage

Sur le terrain | Pratiques | publié le : 31.03.2015 | Christian Robischon

La méthode mise au point par la société d’économie mixte (SEM) propriétaire d’anciens bâtiments d’Alstom aide à trouver le meilleur équilibre possible entre le confort des travailleurs et la protection de leur santé.

Belfort est un bon élève du désamiantage. Le sujet s’impose ici : fief d’Alstom, la ville regorge dans son parc d’activités Techn’Hom d’anciens bâtiments du groupe qui sont remplis du matériau interdit. Le propriétaire des lieux, la société d’économie mixte Sempat, l’inspection du travail, le bureau d’études Conseils & Environnement, en charge des diagnostics préalables et les entreprises de désamiantage, ont progressi vement mis au point une méthode de travail qui « concilie au mieux la protection de la santé des salariés, celle de l’environnement extérieur, la maîtrise des coûts et du planning du chantier », estiment Sylvain Schmidt, responsable construction à la Sempat, et Philippe Fournier, dirigeant de Conseils & Environnement.

Ce mode opératoire consiste en l’application pointue des nouvelles règles de désamiantage contenues dans le décret du 4 mai 2012. Ce texte instaure trois niveaux d’intervention assortis des valeurs limites d’exposition professionnelle (VLEP) à l’empoussièrement et il crée la notion de chantier test de validation du processus de traitement de l’amiante propre à chaque lieu.

Belfort va au-delà des obligations du texte. Les chantiers tests s’y effectuent selon les règles du niveau 3, correspondant aux risques les plus élevés. Ils se focalisent souvent sur une partie du bâtiment identifiée comme la plus sensible et ils exigent des entreprises de présenter plusieurs techniques, de façon à choisir celle qui procurera le meilleur équilibre entre santé, sécurité et maîtrise budgétaire.

Chantier test

Pour les salariés, l’intérêt réside dans le fait de retenir en définitive le mode d’intervention le moins inconfortable : le chantier test de quelques jours peut conclure qu’au final, le retrait de toute l’amiante pendant des semaines ou des mois pourra s’effectuer à un niveau inférieur. Ainsi, avant la démolition, fin janvier, d’une ancienne chaufferie, les mesures ont abouti à la décision de rester en niveau 3 pour la dépollution des chaudières, mais de descendre au niveau 1 pour le bâtiment lui-même.

Or les contraintes ne sont pas les mêmes concernant le port d’EPI (équipements de protection individuelle), en particulier les protections respiratoires. Le niveau 3 impose un dispositif lourd de masque à adduction d’air (alimenté par de l’air extérieur “propre”), caractérisé par un gros tuyau auquel le travailleur est relié, ce qui complique ses déplacements dans un bâtiment où il lui faut souvent louvoyer entre des conduites, des machines, etc. Alors qu’un demi-masque filtrant peut suffire en niveau 1, voire un masque à ventilation assistée, plus confortable. La phase de décontamination et de lavage du corps est également plus lourde en niveau 3 : celui-ci rend ces deux douches obligatoires.

« La démarche va dans le sens du confort des salariés et elle répond bien à l’évolution de plus en plus pointue de la réglementation, qui va encore s’accentuer le 1er juillet prochain », témoigne Bruno Bonnel, directeur désamiantage de Batichoc, l’une des entreprises retenues à Belfort. Dans quatre mois, en effet, les VLEP seront divisées par 10. Les seuils d’empoussièrement autorisés descendront par conséquent à 10 fibres par litre pour le niveau 1, 600 au niveau 2 et 2 500 au niveau 3. L’impact sur les EPI n’est pas encore connu. Toutefois, selon l’Institut national de recherche et de sécurité, ces abaissements de seuils pourraient inciter les entreprises à s’équiper davantage de matériels robotisés, certes synonymes de coût d’investissement, mais qui auraient pour effet d’alléger la tâche de leurs salariés.

Auteur

  • Christian Robischon