logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

L’enquête

L’INTERVIEW : NICOLE TURBÉ-SUETENS PARTNER À LBMG WORKLABS

L’enquête | L’INTERVIEW | publié le : 31.03.2015 | E. F.

Image

L’INTERVIEW : NICOLE TURBÉ-SUETENS PARTNER À LBMG WORKLABS

Crédit photo E. F.

« Le retard dans le télétravail est le symptôme d’une inadaptation de l’organisation du travail »

En tant qu’observatrice et militante en faveur du télétravail, que vous inspire le retard pris par la Fonction publique dans ce domaine ?

Ce retard est surtout manifeste dans la Fonction publique d’État. Il est le symptôme d’une inadaptation de l’organisation du travail aux exigences des missions et aux défis auxquels la Fonction publique est confrontée dans la société actuelle et à venir : faire des économies, se rapprocher du citoyen, améliorer le service rendu. Le télétravail aurait, par exemple, été un moyen “soft” pour faire des économies, en emmenant les agents eux-mêmes vers cet objectif. Au lieu de quoi, il y a eu des mesures arbitraires et sans nuances : la révision générale des politiques publiques (RGPP) et la règle du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux.

À qui la faute ?

D’abord aux décideurs politiques, qui ne se soucient pas vraiment des ressources humaines et sont encore dans de vieux schémas de pensée et d’organisation. Au haut management de l’administration publique, ensuite, qui en est encore aux méthodes de commandement, plus que de management. Il faudrait leur apprendre. La dimension humaine n’ayant pas été considérée comme prédominante dans cette sphère de travail, cela se traduit par un taux d’absentéisme supérieur à celui du secteur privé. Le télétravail est un des moyens de le réduire, comme le démontre le baromètre 2014 d’Alma Consulting sur l’absentéisme.

N’y a-t-il pas des raisons objectives au faible développement du télétravail dans la Fonction publique : l’absence de cadre juridique, le déficit de management par objectifs, le statut ?

L’absence de cadre juridique est un faux argument, même s’il peut servir d’excuse pour ne pas mettre en place le télétravail. Les administrations qui ont voulu faire du travail à distance l’ont fait sans la loi Sauvadet et son décret, que l’on attend depuis trois ans. D’ailleurs, si celui-ci n’est toujours pas pris, c’est parce qu’il n’est pas porté par les personnes en charge de la réforme de l’État.

Quant au management par objectifs, il existe en théorie, et nettement moins dans la pratique. Mais pourquoi la Fonction publique ne fonctionnerait-elle pas, elle aussi, par objectifs ? Ses missions sont autant mesurables que celles qui sont évaluées dans le secteur privé. Pourquoi deux mondes du travail aussi différents et discriminants ? Enfin, le statut est sans doute un facteur de résistance, mais, là encore, pourquoi ne pourrait-il pas être revu ? D’autres pays l’ont bien fait.

Auteur

  • E. F.