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L’enquête

CDC DE BORDEAUX : CHEZ UN PIONNIER DU TRAVAIL À DISTANCE

L’enquête | publié le : 31.03.2015 | E. F.

Les salariés du site de Bordeaux de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) pratiquent le télétravail depuis douze ans. Environ 9,5 % des effectifs sont dans cette situation. Le directeur des RH ne regrette rien.

Le site de Bordeaux de la Caisse des dépôts et consi gnations emploie 1 300 salariés – fonctionnaires et contractuels – de la direction retraites et solidarité de cet établissement public de 5 500 salariés. Parmi les salariés bordelais, en charge de la gestion (vérification et liquidation) de 48 fonds de retraite (régime additionnel des fonctions publiques, fonds de compensation, solidarité nationale…), 123 travaillent à leur domicile un à trois jours par semaine, soit 9,5 % des effectifs. « Nous sommes sans doute le site de la CDC qui emploie le plus de télétravailleurs », estime Jean-Louis Molas, directeur des moyens et ressources opérationnels à la direction retraites et solidarité de la CDC de Bordeaux.

Il faut dire que le site de Bordeaux a été le premier à expérimenter cette organisation, dès 2003. « La Gironde est un grand département, les transports en commun bordelais étaient alors moins développés qu’aujourd’hui, il y avait également moins de ponts pour traverser la Garonne, les trajets commençaient à peser à certains salariés », se rappelle Jean-Louis Molas. La fermeture de certains ponts, cette année-là, a été l’élément déclencheur : cinq salariés sont alors passés en télétravail informel avec l’accord de leur direction.

CONVENTION INDIVIDUELLE

Le dispositif est progressivement monté en puissance (20 télétravailleurs en 2005, 25 en 2007), en même temps qu’il était encadré par une charte nationale en 2007, puis par un accord en juin 2011, signé par les huit syndicats de la CDC. Celui-ci fixe les grands principes du télétravail repris de l’accord interprofessionnel de 2005 (volontariat, réversibilité, contractualisation…). Il précise son orga nisation : deux jours au bureau au minimum, et, surtout, il prévoit une convention individuelle signée, pour trois ans renouvelables. Ce qui veut dire qu’en théorie, le télétravail n’est pas reconductible tacitement – détail très important en général du point de vue des employeurs. L’accord décrit également les critères et la procédure d’éligibilité : ancienneté d’un an ; nécessités de service ; autonomie du salarié ; avis du médecin du travail et du CHSCT.

L’Administration a calculé très exactement que 546 personnes sont a priori éligibles. Il s’agit essentiellement de gestionnaires (catégories B ou C) chargés de contrôler et de liquider des pensions. Les cadres encadrants et les téléconseillers, qui répondent aux appels des administrés, sont exclus du télétravail. Pour les seconds, en raison de l’impossibilité de connecter leur téléphone personnel au serveur que gère la file d’attente des appelants.

Deux facteurs techniques ont permis aux gestionnaires d’accéder au télétravail : la numérisation des dossiers et la création d’un centre de contacts, qui a déporté les appels des administrés vers les téléconseillers. Son succès s’explique également par des facteurs RH. « Les gestionnaires sont des experts reconnus, ils sont autonomes sur leur poste », explique Jean-Louis Molas. En outre, les syndicats et la direction sont tous les deux moteurs. « Au début du télétravail – j’étais alors chef de service –, j’ai été assez réticent au fait de laisser partir mes collaborateurs, admet Jean-Louis Molas. Puis, ils m’ont convaincu, et je me suis rendu compte que les salariés appréciaient la confiance qui leur était ainsi témoignée ; cela se retrouvait dans leur implication au travail ». L’administration a d’ailleurs constaté que la mise en place du travail à distance coïncidait avec des gains de productivité collectifs (sans distinguer les télétravailleurs des autres).

Avec presque 10 % des effectifs travaillant à distance, le site de Bordeaux a-t-il atteint un plafond ? Selon la direction, il existe trois pistes pour aller plus loin. La première consisterait à faire basculer une équipe entière en télétravail, alors qu’actuellement, la règle est qu’un certain nombre de salariés doivent demeurer au bureau. La deuxième serait de trouver une solution technique pour que les téléconseillers travaillent depuis leur domicile. La troisième conduirait à ouvrir le télétravail à des cadres non-encadrants, les juristes par exemple. « On ne s’interdit pas d’aller plus loin, mais à partir d’une certaine proportion de salariés en télétravail, il y a un risque de déstructuration, qui met en cause le collectif de travail et le lien social », estime Jean-Louis Molas.

REPÈRES

CDC de Bordeaux, direction retraites et solidarité

1 300 salariés.

Télétravailleurs effectifs

123 personnes.

Enjeu

Articulation vie privée-vie professionnelle.

Facteur de succès

Convention cadre ancienne ; syndicats et administration moteurs ; télétravailleurs à l’expertise reconnue.

Difficulté

Vigilance sur le maintien d’un collectif de travail.

Auteur

  • E. F.