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MERYEM LE SAGET CONSEIL EN ENTREPRISE

La chronique | publié le : 31.03.2015 |

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MERYEM LE SAGET CONSEIL EN ENTREPRISE

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La force du doute

Certaines personnes sont emplies de certitudes. Pour leur entourage, c’est pénible et ennuyeux. Elles ont des idées sur tout, croient savoir et, surtout, veulent avoir raison. Pourtant, qui peut être sûr de quoi que ce soit de nos jours ?

Contrairement aux idées reçues, le doute sur la réalité qui nous entoure est sain. S’il n’est pas maladif (là, c’est une autre histoire !), c’est plutôt un signe d’intelligence. Il montre que l’on est ouvert, curieux, qu’il y a peut-être d’autres regards à porter sur la situation, que l’on échange avec les autres en explorant encore.

Est-on sûr de bien comprendre ses clients, par exemple ? Dans les méthodes les plus avancées de stratégie, on passe du temps chez le client, pour le regarder vivre, comprendre son univers et ses préférences. On fait de l’ethnologie de terrain en quelque sorte ! L’approche de l’ethnologue repose sur l’observation et le questionnement. C’est un métier où il ne faut pas avoir d’a priori. On ne sait pas, donc on se met humblement en observation et en empathie. Autant dire qu’en entreprise, on sort de ces “expériences terrain” avec un point de vue largement renouvelé ! Et c’est ce qui fait avancer les choses.

On peut aussi douter d’une “bonne idée”. On croit que son produit va marcher, ou que cette nouvelle méthode de gestion va faire des merveilles ?… Alors, on la lance sans la tester. Pourtant, tout entrepreneur sait qu’il faut expérimenter, prototyper, améliorer, essayer encore, et que ces itérations successives contribuent au succès. Quand on est trop sûr de soi, on oublie qu’on est au moins deux dans une aventure réussie : celui qui offre un produit ou un service et celui qui l’achète.

La même chose est vraie dans les relations. Quoi de plus complexe qu’un échange entre deux personnes, dans lequel chacun part d’un angle de vue particulier, d’une expérience différente ? Si nous imaginons que notre interlocuteur va écouter notre argumentation brillante et acquiescer, nous faisons fi de son point de vue. La réalité est plus complexe, il aura sans doute un point de vue inattendu ou complémentaire du nôtre. Dilemme : on intègre son apport ou on le refuse ? Ne pas camper sur ses certitudes, savoir s’interroger pour “revoir sa copie”, c’est faire de l’espace à l’autre. La plupart des gens ne communiquent pas, ils font des joutes de convictions. Lourd. Ennuyeux. Très peu créatif.

Même si cela donne parfois un sentiment de vulnérabilité, pratiquer le questionnement intérieur est une force. Rien à voir avec douter de soi ou de sa valeur. Bien au contraire. Les personnes solides intérieurement n’ont pas besoin d’avoir de certitudes sur tout, elles préfèrent donner raison aux faits, au terrain, aux échanges, à la vérité. C’est l’histoire de la noix et de l’abricot. La noix est solide à l’extérieur, mais attention, elle peut se briser d’un seul coup. L’abricot est doux et rond, apparemment plus vulnérable à l’extérieur, mais son noyau est solide.

Pas facile de dire « je ne sais pas, je m’interroge », quand on veut être reconnu pour son professionnalisme, ses connaissances, son expérience. C’est pourtant le défi de notre époque ! Oser se réinventer commence par développer sa flexibilité personnelle. Alors, plutôt noix ou plutôt abricot ?