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Sur le terrain

prévention : NEXTER COMBAT LES TMS AVEC la conscience posturale

Sur le terrain | publié le : 17.03.2015 | Véronique Vigne-Lepage

Depuis 2006, à Roanne, Nexter teste la “conscience posturale” contre les TMS, lors d’une formation animée par un kinésithérapeute. Après avoir initié des référents internes, l’entreprise déploie cette formation.

À partir de 2015, le site de Roanne (Loire) de Nexter, spécialiste de l’armement, propose à ses 800 salariés, dans le cadre de son plan de formation, un module de “conscience posturale” pour prévenir les troubles musculo-squelettiques (TMS).

Conçu par Robert Buttet, kinésithérapeute libéral à Saint-Étienne (Loire), avec l’un de ses patients, ergonome (parti à la retraite depuis), le module est inspiré de la méthode de kinésithérapie Mézières : « Le principe est d’amener chacun à prendre conscience de son corps et des compensations que celui-ci met en œuvre face aux tensions », explique Robert Buttet. L’objectif est d’adapter et de maîtriser ses mouvements dans le travail.

Postures contraignantes

« Il nous est paru intéressant d’essayer autre chose que les formations classiques “gestes et postures” », commente Thierry Chalancon, conseiller à l’Association pour la formation professionnelle dans l’industrie (Afpi) Loire, qui diffuse ce module auprès des entreprises. Nexter, dont le process nécessite des postures très contraignantes et dont l’effectif vieillit, a été la première intéressée, en 2006, et aussi celle où l’action a pris le plus d’ampleur. Sur l’instigation du Dr Henri Bohard et de Florence Contoux, respectivement médecin et infirmière du travail, Éric Sinoir, animateur prévention santé-sécurité, a motivé les quelque 30 opérateurs des ateliers de peinture et soudure, via leurs responsables : « C’est la configuration idéale, assure Robert Buttet. Sans implication de la médecine du travail et d’un manager, les gens ont un peu peur de la méthode. »

Au programme de la journée avec le kiné : des apports sur l’anatomie et le fonctionnement articulaire, des exercices de conscience posturale, une analyse des gestes de chacun, à son poste de travail, puis d’autres exercices, cette fois de rééducation corporelle. Les participants sont incités à les pratiquer ensuite régulièrement, aidés de simples appuis sur les murs, des chaises ou des tables : « Il n’y a aucune posture couchée, assure Robert Buttet, car il faut que tout soit reproductible au travail. »

Cependant, même si les peintres et soudeurs se sont dits séduits, peu ont continué à pratiquer et Nexter ne souhaitait pas financer régulièrement la demi-journée d’ancrage prévue.

Piqûres de rappel

Or, en 2009, une enquête santé, à laquelle 500 salariés ont répondu, a révélé que les TMS sont très répandus. « Nous avons donc décidé de poursuivre, mais aussi de former des référents internes pouvant faire des piqûres de rappel d’1h30 », explique le Dr Bohard, lui-même référent, comme Florence Contoux et Éric Sinoir. En 2011 et 2012, les opérateurs des 77 lignes de production ont été convoqués à la formation. En 2013 et 2014, pendant que les référents commençaient les “piqûres de rappel”, Robert Buttet formait des volontaires du tertiaire. En quatre ans, 218 salariés ont été initiés à la conscience posturale, dont 40 administratifs. « Parmi ces derniers, un groupe réserve régulièrement une salle pour refaire les exercices pendant la pause déjeuner », rapporte Florence Contoux.

Si certaines personnes pratiquent régulièrement depuis plusieurs années, elles restent minoritaires (10 % dans les ateliers, bien que cela soit prévu sur le temps de travail). « Nous pensions que les cadres seraient plus autonomes, regrette le médecin du travail. Quand la dynamique est rompue par une modification d’équipe, ils demandent à l’infirmière de revenir. » Cependant, une enquête révèle que 90 % des personnes formées sont satisfaites. « Si le gain sur les lombalgies et autres tendinites est difficile à évaluer dans les ateliers, où les contraintes physiques sont fortes, commente le Dr Bohard, les douleurs cervicales des administratifs ne nécessitent plus systématiquement d’arrêt de travail. »

Auteur

  • Véronique Vigne-Lepage