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Sur le terrain

ÉTATS-UNIS : OBAMACARE ENCORE SUR LA SELLETTE

Sur le terrain | International | publié le : 17.03.2015 | Caroline Talbot

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ÉTATS-UNIS : OBAMACARE ENCORE SUR LA SELLETTE

Crédit photo Caroline Talbot

L’assurance santé universelle à l’américaine, reste fragile. L’interprétation de la loi, signée en 2010, est contestée auprès de la Cour suprême sur de nouveaux points, depuis début mars. Plus de 8 millions d’Américains pourraient perdre leur assurance.

Cinq ans après le passage du projet Obamacare aux États-Unis, les ennemis de l’assurance santé universelle tentent toujours de démanteler la loi. Morceau par morceau. Cette fois, c’est une plainte déposée par quatre habitants de l’État de Virginie qui a fait son chemin jusqu’à la Cour suprême. Les sages, qui ont entendu leurs arguments le 4 mars, trancheront à la fin du mois de juin. Les plaignants, soutenus par le très conservateur Competitive Enterprise Institute, réclament une interprétation bien précise de la loi. Obamacare, à en croire leur avocat, Michael Carvin, n’offre des aides financières aux assurés que dans les États qui ont mis en place eux-mêmes la bourse d’échanges sur laquelle patients et groupes d’assurances se rencontrent. Les États comme le Texas, la Floride, la Caroline du Nord, le Missouri…, dépendant de l’informatique de Washington, n’auraient plus droit aux subventions, selon une lecture restrictive du texte original qui mentionne le rôle des États dans le dispositif.

Interprétation restrictive

Les gouverneurs – souvent républicains – de nombreux États (37 sur 50) ont refusé de créer cette plate-forme informatique d’échanges. Et c’est l’État fédéral qui s’en est chargé. Si la Cour suprême retient l’interprétation restrictive de Michael Carvin, plusieurs millions d’assurés étant passés par la bourse fédérale perdraient leurs aides financières. Huit millions, voire 15 millions d’Américains, selon les différentes estimations, n’auraient plus les moyens de s’assurer. Et les quatre plaignants qui refusent l’assurance ne seraient plus obligés de payer une pénalité, comme c’est le cas aujourd’hui.

Le dossier est évidemment très politique. D’un côté, les démocrates progressistes, qui vantent les bienfaits d’Obamacare : la loi a permis d’assurer 20 millions d’Américains supplémentaires, plaident-ils. De l’autre, le Competitive Enterprise Institute, défenseur de la liberté individuelle et de la libre entreprise, ennemi de la lutte contre le réchauffement de la planète, adversaire des syndicats et de tous les « cauchemars utopiques ».

Ses stratèges ont déjà mis Obamacare en péril en 2012 devant la Cour suprême et ils récidivent aujourd’hui, par le biais des bourses d’échanges. Car, si le nombre des assurés subventionnés se réduit, les cotisations augmentent et davantage d’Américains deviennent incapables de payer l’assurance.

Pour éviter ce scénario catastrophe, il suffirait de changer quelques mots de la loi afin de préciser que tous les Américains, quelle que soit la plate-forme informatique utilisée, ont droit aux aides de Washington. Mais c’est bien là le hic : la majorité du Congrès est dorénavant républicaine et hostile à l’assurance universelle. Au grand dam de nombreux acteurs du secteur.

Régulation des coûts

Le professeur John August, de l’école des Relations du travail à l’université Cornell, suit le dossier depuis de nombreuses années. Pour lui, les acteurs clés du secteur – assureurs, grands employeurs, hôpitaux, syndicats de médecins, pharmaciens… –, « qui ont tous participé à l’élaboration de la loi, sont favorables au maintien des aides de Washington ». Obamacare, dans certains cas, a même permis de réduire les coûts de l’assurance. Lorsque le pool des assurés s’est accru à New York, avec l’arrivée d’une population majoritairement en bonne santé, les cotisations ont baissé jusqu’à 50 %.

« Plutôt qu’attaquer Obamacare, mieux vaudrait améliorer la loi », poursuit le professeur, désireux de réguler les coûts. Pour les défenseurs de l’assurance universelle, il est temps maintenant de réduire les dépenses. À condition, bien sûr, que les adversaires de la loi ne découvrent pas une autre faille dans l’écriture du système.

DANS LES MÉDIAS

NEW YORK TIMES. Le Wisconsin devient Right to work

Le gouverneur républicain du Wisconsin, Scott Walker, vient de parapher la loi sur la liberté du travail dans son État. Dorénavant, les salariés du privé ont le droit d’adhérer ou non au syndicat de leur entreprise et de payer ou non les cotisations. Le Wisconsin rejoint ainsi de nombreux autres États du Sud et quelques voisins du Midwest – Indiana, Michigan – hostiles aux syndicats. Scott Walker, après avoir remporté les élections, s’était d’abord attaqué aux services publics. Les syndicalistes ne sont plus les intermédiaires obligés dans les négociations salariales des fonctionnaires. 9 mars 2015, New York Times, quotidien généraliste

NEW YORK TIMES. Moins de chômeurs hispaniques

Les latinos profitent le plus des récentes créations d’emplois. Selon les statistiques du ministère du Travail, l’emploi a crû de 5 % dans la population hispanique depuis un an. Chez les noirs, le progrès a été de 3,8 % et chez les blancs de 1,4 %. Les latinos ont retrouvé leur niveau d’emploi d’avant la récession. En fait, la percée latino s’explique par le redémarrage du bâtiment, une industrie où ils sont très bien implantés, et qui se déroule essentiellement dans les États de Californie, Texas, Floride et Illinois. 8 mars 2015, New York Times.

Auteur

  • Caroline Talbot