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L’enquête

GROUPE ACCOR : UNE RSE DES SOUS-TRAITANTS EN CONSTRUCTION

L’enquête | publié le : 17.03.2015 | NICOLAS LAGRANGE

Le groupe hôtelier évalue ses fournisseurs et sous-traitants à risques, sans aller jusqu’au suivi systématique des plans d’actions. Le leader européen souhaite formaliser et homogénéiser ses bonnes pratiques.

« Partager notre démarche avec nos fournisseurs ». Le 21e engagement de Planet 21, le programme de développement durable d’Accor, lancé en 2012, s’appuie sur la charte Achats 21 du groupe. Elle établit des principes liés à la protection de l’environnement et au respect des personnes, notamment en matière de santé et de sécurité, de durée du travail, de niveau de rémunération, de respect du droit syndical ou encore de travail des enfants. « Cet engagement supposait qu’à terme, 100 % de nos prestataires aient signé notre charte, expose Arnaud Herrmann, directeur du développement durable du groupe. Près de 80 % des fournisseurs l’ont paraphée en 2014, contre 68 % en 2013, et le groupe pourrait atteindre 90 % fin 2015. Nous ne pourrons pas atteindre 100 %, parce que la plupart des grandes entreprises, préfèrent se conformer à leur propre charte. » Reste à évaluer la politique RSE des fournisseurs pour guider les décisions d’achats. Des achats qui représentent la moitié du chiffre d’affaires.

« Nous avons un grand nombre de prestataires en portefeuille, très diversifiés et dispersés géographiquement, avec, en outre, 40 % de notre réseau en franchise, explique Frank Roubanovitch, directeur des achats tertiaires du groupe. En 2010, nous avons analysé les risques développement durable de nos 98 catégories d’achats et en avons identifié 23 prioritaires, parmi lesquelles le nettoyage des locaux, la blanchisserie ou encore les produits d’entretien. »

CAMPAGNE DE NOTATION

Depuis quatre ans, 382 sous-traitants relevant de ces catégories à risques ont rempli le questionnaire EcoVadis(1), dont 134 pour l’année 2014. Le groupe hôtelier souhaite qu’en 2016, 80 % des prestataires prioritaires aient été audités. « Artisanale au départ, sur la base d’une expérimentation pilote, notre démarche devient industrielle », ajoute Frank Roubanovitch.

« EcoVadis nous permet de disposer d’indicateurs de performance sur les pratiques sociales, environnementales, l’éthique des affaires et la chaîne d’approvisionnement de nos sous-traitants, à partir des documents justificatifs qu’ils ont fournis, détaille Carole Laville, responsable achats durables. Lorsque la note globale (ou un item) est inférieure ou égale à 30 sur 100, nous demandons au prestataire de mettre en place un plan d’amélioration. » Un plan qui ne fait pas systématiquement l’objet d’un suivi par Accor. La première campagne d’évaluation n’est pas achevée, même si le groupe souhaite, à terme, la renouveler tous les deux ans. Pour l’heure, les notations sont utilisées par les acheteurs locaux (qui sont autonomes), sans consolidation au niveau du groupe. « En ce qui concerne les prestations de services externes au sein de nos hôtels, les dérives éventuelles peuvent être constatées et corrigées rapidement, analyse Frank Roubanovitch. Il y a un deuxième type de fournisseurs, situés au plan local, dont nous pouvons visiter régulièrement les usines, pour la blanchisserie et l’alimentation notamment. Enfin, sur l’achat de produits de consommation courante, d’origine multiple et parfois lointaine, notre capacité de pression est plus faible, même si nous pouvons nous appuyer sur les résultats EcoVadis. »

Les visites et audits internes sont souvent décidés localement par les responsables achats, et parfois organisés depuis le siège dans le cas de pays aux règles sociales moins protectrices, notamment en Asie. « Nous souhaitons davantage centraliser les informations et homogénéiser les pratiques, assure Frank Roubanovitch. Pour la blanchisserie par exemple, nous avons défini une grille d’audit internationale. » Autre difficulté, la connaissance précise de l’ensemble de la chaîne de fabrication : « Certains fournisseurs ne donnent pas la liste de leurs sous-traitants de crainte que le donneur d’ordre négocie en direct avec ces derniers », affirme Carole Laville.

La CFDT, premier syndicat du groupe en France, regrette le manque d’information et d’écoute à l’égard des IRP sur la RSE des sous-traitants. « Nous avons proposé à la direction de négocier une charte de la sous-traitance au niveau européen, à l’instar de celles qui existent en France et en Allemagne, ajoute Pascal Sourget, secrétaire du comité de groupe et membre du comité européen. Sans succès. »

« Parmi les axes d’amélioration, nous avons introduit l’an dernier deux nouveaux indicateurs relatifs aux fournisseurs, assure Arnaud Herrmann : l’antériorité des relations avec chaque prestataire et la proportion de PME. Nous publierons des résultats consolidés début 2016. » Un comité éthique et RSE a également été créé en 2014, qui comprend notamment trois membres du comex, pour suivre les engagements du groupe tant en matière d’éthique du management, d’intégrité, de respect des lois que de RSE.

Plate-forme d’évaluation à laquelle participent 150 multinationales (lire aussi p. 21).

REPÈRES

Activité

Opérateur/franchiseur hôtelier et propriétaire/investisseur.

Effectif monde

170 000 salariés.

Chiffre d’affaires 2014

5,45 milliards d’euros.

Auteur

  • NICOLAS LAGRANGE