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L’enquête

CARREFOUR : UNE SÉLECTION DES FOURNISSEURS AU FILTRE DE LA RSE

L’enquête | publié le : 17.03.2015 | V.L.

Partenaire de longue date de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), le géant de la grande distribution entend s’impliquer encore davantage dans la prévention. Il mise aussi sur l’instauration de relations de confiance avec ses fournisseurs.

Parmi les trois axes de la stratégie de Carrefour en matière de RSE, à côté de la lutte contre le gaspillage et la biodiversité, figure l’accompagnement de ses partenaires : fournisseurs et clients. « Nous avons proposé à nos fournisseurs de mettre en œuvre une démarche RSE au travers de l’autodiagnostic basé sur l’ISO 26 000. Chaque année, 6 000 fournisseurs sont interrogés », indique Bertrand Swiderski, responsable RSE du groupe Carrefour.

Dans les pays demandant une vigilance particulière, Carrefour réalise des contrôles, internes et externes, des conditions sociales chez ses fournisseurs. « Et nous avons engagé ce processus depuis 10 ans en partenariat avec la FIDH, avec un objectif clair : 100 % des fournisseurs audités au regard du référentiel ICS (initiative clause sociale, commun à tous les distributeurs français). Nous annexons à nos contrats des exigences liées aux conditions de travail et aux droits de l’homme », explique le responsable. Il aura fallu dix ans au distributeur pour auditer 100 % de ses fournisseurs.

DES ÉQUIPES DE SOURCING

Carrefour dispose d’une entité interne, Global Sourcing (600 collaborateurs). Si un acheteur en France a besoin de commander un t-shirt, il s’adresse à un collaborateur de cette entité, sur place, qui va pouvoir identifier une usine productrice et réaliser un contrôle interne sur des sujets basiques liés à la sécurité. C’est un premier filtre. « Ensuite un audit social est réalisé. Si les résultats ne sont pas satisfaisants mais que des progrès peuvent être réalisés – par exemple la construction d’un escalier de secours – nous donnons trois mois au fournisseur pour le faire », illustre Bertrand Swiderski.

Le fait de disposer d’une équipe de sourcing sur place est fondamental pour le groupe. « Nous sommes, par exemple, présents en Inde, en Chine, au Cambodge et au Bangladesh, où 50 personnes sont sur place et où 54 usines produisent pour nous. Et nous souhaitons créer des partenariats avec elles, appuie le responsable RSE. Par ailleurs, nous veillons à bien connaître leur capacité de production : nous veillons à ne pas dépasser 30 % de leur capacité, pour ne pas être dépendants. Et nous vérifions que la production est bien faite dans l’usine qui nous a vendu la prestation. »

Quid de la sous-traitance par un prestataire ? Si le fournisseur informe de son souhait de recourir à un sous-traitant, Carrefour l’accepte uniquement si la prestation est réalisée dans les mêmes conditions d’audit et de contrôle.

Le groupe veut aujourd’hui aller encore plus loin dans ses actions. « Nos équipes doivent s’assurer du respect de ces règles et de l’absence de la sous-traitance, commente Bertrand Swiderski. Le contrôle est nécessaire mais ne suffit pas, il doit être renforcé. Il faut rendre l’audit plus efficace grâce à des partenariats avec les fournisseurs. Plus on instaurera une relation de confiance avec eux, plus on améliora les conditions de travail et la qualité. »

Six mois avant l’effondrement du Rana Plaza, le groupe avait déjà modifié ses pratiques d’inspection dans ses usines, à la suite d’un autre accident. « Nous avons déréférencé 18 usines et commencé à travailler sur l’accord Fire & Building Safety pour renforcer les conditions de sécurité dans les usines de textile au Bangladesh, et nous sommes le premier groupe français à l’avoir signé. » Mais Carrefour ne souhaite pas participer directement au fonds d’indemnisation des victimes : « Nos produits n’étaient pas présents dans ces locaux même si certaines ONG ont prétendu avoir retrouvé des étiquettes », précise le responsable.

L’enseigne veut aussi aujourd’hui s’impliquer davantage dans la prévention des atteintes aux droits de l’homme : « Nous avons confié à la FIDH la gestion d’un fonds permettant de mener des actions concrètes sur le terrain », rapporte Bertand Swiderski.

Les syndicats reconnaissent des avancées en matière de renforcement des contrôles. « Mais nous n’avons pas la maîtrise de ce qui nous est présenté », remarque Claudette Montoya, de la CGT. Sylvain Macé, délégué syndical CFDT du groupe, confirme : « Nous sommes informés et nous dialoguons avec la direction au sein du comité européen, cela ne veut pas dire que nous sommes associés. Nous n’avons pas de visibilité, par exemple, sur le contenu des audits, nous disposons d’informations quantitatives, peu qualitatives. Et la liste des fournisseurs n’est pas publiée. »

REPÈRES

Activité

Grande distribution.

Effectif

364 795 collaborateurs dans le monde.

Chiffre d’affaires 2014

84 milliards d’euros.

Auteur

  • V.L.