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Chronique

DU CÔTÉ DE LA RECHERCHE

Chronique | publié le : 17.03.2015 | DENIS MONNEUSE

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DU CÔTÉ DE LA RECHERCHE

Crédit photo DENIS MONNEUSE

TEL CONJOINT, TEL SALARIÉ !

Lors du processus de recrutement, il y a deux types de questions : celles que l’on peut poser et celles que la décence, la loi ou encore la timidité interdisent de poser. Celles sur la vie sentimentale du candidat font bien évidemment partie de la seconde catégorie. Pourtant, connaître les principaux traits psychologiques du conjoint (éventuel) du candidat ainsi que la qualité de leur relation représenterait une précieuse indication. Dis-moi qui est ton conjoint, je te dirai quel salarié tu es !

En effet, des études révèlent l’influence dans un couple d’un membre sur l’autre en termes de temps de travail, de réussite professionnelle, de satisfaction au travail, etc. Le mythe selon lequel chacun devrait laisser ses soucis (ou ses bonheurs) personnels à la porte de son entreprise pour ne les récupérer que le soir en repartant s’effondre. Le contexte familial et émotionnel a beau être laissé à la porte, il rentre par la fenêtre !

Brittany Solomon et Joshua Jackson, chercheurs en psychologie à l’université Washington de Saint Louis, aux États-Unis, ont pu utiliser une large base de données pour mesurer ce type d’effets(1). Ils se sont plus particulièrement intéressés à l’influence de la personnalité d’un membre du couple sur la réussite de l’autre. Cinq grandes dimensions étaient alors prises en compte (le fait d’être extraverti, plaisant, anxieux, consciencieux et ouvert). L’idéal, selon les résultats de l’étude, est de se mettre en couple avec une personne consciencieuse. Il en résulte, statistiquement parlant, une meilleure satisfaction au travail, un meilleur revenu et une plus forte promotion que la moyenne.

Nos deux psychologues avancent trois explications pour étayer leur découverte. Tout d’abord, le conjoint consciencieux prend en charge une grande part des tâches domestiques et ménagères, ce qui permet à son (sa) cher (chère) et tendre époux(se) de se concentrer sur son travail. Le fait de savoir que l’on peut compter sur autrui pour ce genre de choses permet de se détendre à la maison. Ensuite, et c’est sans doute une conséquence du premier point, le fait d’être marié à un conjoint consciencieux débouche généralement sur une satisfaction élevée : la vie personnelle semble douce et son mariage heureux. Enfin, une certaine émulation se met en place au sein du couple : le salarié dont le conjoint est consciencieux tend à adopter un comportement de ce type au travail.

Malheureusement, les DRH ne peuvent plus envoyer, comme Ford le faisait en son temps, des émissaires au domicile de leurs salariés pour vérifier leur hygiène de vie(2). Il n’est ainsi plus possible de s’assurer que les ouvriers ont une vie sentimentale stable, ce qui leur permet d’être en meilleure forme, le matin, que ceux qui ont couru la gueuse toute la nuit.

Managers et DRH doivent s’y prendre de façon plus subtile, de nos jours, pour en savoir davantage sur la vie privée de leurs collaborateurs. Les dîners de Noël et les autres manifestations festives ouvertes aux conjoints constituent un moyen de mieux connaître le contexte familial et sentimental des salariés… donc de jauger ceux à promouvoir en priorité !

 1) Brittany Solomon et Joshua Jackson, “The Long Reach of One’s Spouse. Spouses’ Personality Influences Occupational Success”, Psychological Science, octobre 2014.

 2) Lire Danièle Linhart, La Comédie humaine du travail, de la déshumanisation taylorienne à la surhumanisation managériale, Èrès, 2015.

Auteur

  • DENIS MONNEUSE