Toutes les campagnes de santé publique le disent : les modes de vie sédentaire nuisent à la santé. Mais leurs messages ont-ils prise sur les comportements et les conditions propices à une activité physique régulière ? L’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) a voulu stimuler la créativité des adultes responsables d’enfants et de jeunes en lançant une formation sur ce sujet. Et, pour la première fois, sous la forme d’un Mooc qui sera mis en ligne dès le 16 mars.

« Notre objectif est de mobiliser le plus grand nombre d’intervenants pour agir dans tous les milieux de la vie quotidienne, à l’école, dans les quartiers, les clubs de sport ou en famille, afin de voir se réaliser le maximum de projets d’activité physique », explique Emmanuelle Hamel, chef du département du développement des compétences et amélioration des pratiques professionnelles à l’Inpes. Pas de performance sportive en vue : l’objectif est de rendre possible la mise en œuvre quotidienne des efforts bénéfiques à la santé, comme d’aller à l’école à vélo plutôt qu’en voiture.

« Le défi global a été d’adapter l’ingénierie pédagogique à la diversité des participants, avance Emmanuelle Hamel, en listant les professionnels du sport, de l’Éducation nationale et des administrations sanitaires et sociales, les bénévoles d’associations, les techniciens de collectivités et les élus. Notre comité pédagogique tenait à ce que les contenus soient robustes. C’est-à-dire qu’ils répondent aussi bien aux questions sur la santé des jeunes qu’à des sujets pratiques précis, par exemple sur les déplacements actifs sécurisés pour les enfants. »

Le parcours est programmé sur six semaines, à raison d’une à deux heures hebdomadaires. Le parti pris a été de combiner une douzaine de vidéos d’experts en rich media (associant des mini-conférences avec le script des interventions), du débat entre participants et des quiz (un par semaine). Mais pas la première semaine, qui sera consacrée aux présentations entre les stagiaires, le community manager qui aura un rôle de tuteur et les experts du comité pédagogique de l’Inpes, garant du processus d’apprentissage. « À ce stade, il n’y a pas d’apport de connaissances, on fait connaissance », résume Rodolphe Ollivier, chef de projet chez Symetrix, le cabinet conseil en e-learning retenu sur appel d’offres.

Cette séquence d’observation mutuelle a été jugée essentielle par les partenaires du Mooc : « Le taux de décrochage habituel à un Mooc est de l’ordre de 90 %, analyse Pascal Stievenard, directeur général de Symetrix. Pour que les stagiaires s’inscrivent en connaissance de cause, nous avons communiqué en amont sur les objectifs des cours et sur leur déroulement. Pour faciliter l’assiduité, nous avons recours à des interfaces d’utilisation minimalistes et nous “gamifions” la formation, notamment en attribuant des points et des badges aux stagiaires. »

Concrètement, le Mooc de l’Inpes proposera de s’inscrire par les réseaux sociaux (Google+, Facebook) pour simplifier cette formalité et donner le sentiment d’entrer dans une communauté d’apprenants.

Les cinq semaines suivantes consisteront à acquérir des bases théoriques sur le lien entre activité et santé, et à maîtriser les différentes étapes du montage d’un projet. Plutôt que d’adresser des conseils à sens unique, le Mooc procédera selon une logique d’accompagnement collectif. « Nous donnerons des repères par l’intermédiaire d’un community manager, mais nous misons surtout sur l’interactivité des participants », explique Emmanuelle Hamel. Exemple : à un moment, les stagiaires devront identifier des espaces non propices à l’activité physique. Ils les prendront en photo avec leur smartphone et partageront leurs clichés sur un mur d’images à commenter, pour suggérer ensuite des solutions. Autre initiative : en quatrième semaine, chaque participant devra évaluer trois projets.

L’Inpes vise 2 000 participants pour ce Mooc ambitieux, mais au budget modeste : 50 000 euros pour élaborer la plate-forme, coréaliser les supports pédagogiques et faire appel à un community manager. Plus 15 000 euros pour réaliser des vidéos d’experts bientôt mises en ligne. Il est vrai que les contenus existaient déjà. L’Inpes a repris les enseignements d’une étude qu’une spécialiste en nutrition, Chantal Simon, professeure au CHU de Lyon, avait menée avec son équipe de 2006 à 2009. Le P^r Simon a été associée au comité pédagogique de l’Inpes. Son intervention, intitulée Icaps, avait été menée auprès de 1 000 collégiens de huit établissements du Bas-Rhin. L’OMS, en 2009, l’avait déclarée efficace.