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LA SEMAINE

Marc Mathieu SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA FÉDÉRATION EUROPÉENNE DE L’ACTIONNARIAT SALARIÉ (FEAS)

LA SEMAINE | l’interview | publié le : 10.03.2015 | Sabine Germain

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Marc Mathieu SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA FÉDÉRATION EUROPÉENNE DE L’ACTIONNARIAT SALARIÉ (FEAS)

Crédit photo Sabine Germain

« L’actionnariat salarié pourrait n’être plus qu’un souvenir dans dix ans »

Le “Recensement annuel de l’actionnariat salarié en Europe en 2014*” que vous venez de publier fait apparaître une baisse du nombre de salariés actionnaires. En quoi est-ce préoccupant ?

C’est la troisième année consécutive de baisse : entre 2011 et 2014, le nombre d’actionnaires salariés a décru de 500 000 en Europe continentale. On en comptait 10 millions en 2011. À ce rythme, l’actionnariat salarié ne sera qu’un souvenir dans dix ans. C’est dommage pour un dispositif vertueux, qui conduit les entreprises vers une meilleure gouvernance et un nouvel équilibre entre les performances économiques et sociales.

Cette baisse est cantonnée à l’Europe continentale. Pourquoi l’actionnariat salarié continue-t-il à progresser en Grande-Bretagne ?

C’est d’abord une question de volonté politique. Les Britanniques ont décidé de soutenir l’actionnariat salarié dans les PME, comme l’ont fait les États-Unis, où l’on recense aujourd’hui 10 millions de salariés actionnaires dans les PME, contre à peine 1 million en Europe. En Grande-Bretagne, les pouvoirs publics se sont donné des objectifs ambitieux : l’actionnariat salarié devra peser, à terme, 10 % du PIB, contre 2 % aujourd’hui. Parallèlement, tous les autres pays européens reviennent sur les incitations fiscales qui ont, en leur temps, soutenu le développement de l’actionnariat salarié. En France, par exemple, les relèvements du taux du forfait social à 8 % en 2008, et à 20 % en 2012, ont été des signaux très négatifs.

L’actionnariat salarié pourrait-il disparaître ?

On l’a déjà vu par le passé. En Europe centrale et orientale, les salariés n’ont pas été oubliés lors des privatisations d’entreprises intervenues après la chute du Mur de Berlin. L’actionnariat salarié a été soutenu et encouragé. Mais ce soutien a été considéré comme transitoire et, faute d’incitations permanentes, l’actionnariat salarié a fini par disparaître. On pourrait assister au même phénomène en Europe continentale.

Y compris en France ?

La France reste le pays européen le plus engagé dans l’actionnariat salarié, avec 33 entreprises dans le top 100 en ce qui concerne la part du capital détenue par les salariés. Total, BNP Paribas, Vinci, Axa, Safran et la Société générale se classent même dans le top 10. Mais en revenant sur les incitations fiscales et sociales, elle a envoyé un très mauvais message au reste de l’Europe.

* Disponible sur <www.efesonline.org>

Auteur

  • Sabine Germain