Au début des années 1980, un groupe d’amuseurs publics de rue, cracheurs de feu, jongleurs et échassiers, créé le “Club des talons hauts de Baie Saint-Paul”, à plusieurs centaines de kilomètres de Montréal. Festival à ses débuts, le Cirque du soleil réinvente l’art circassien avec ses représentations spectaculaires. En 1984, la société québécoise compte 73 salariés pour un chiffre d’affaires de 1,7 million de dollars. Le cirque, qui vient de fêter ses 30 ans, est aujourd’hui une multinationale de 4 000 personnes, avec un chapiteau sur chaque continent et près de 910 millions de dollars de chiffre d’affaires. « De quelques personnes au tout début, nous sommes aujourd’hui une centaine de professionnels au sein de l’équipe “organisation et culture”, nom du service RH du cirque du soleil. Une fonction très simple au départ, les ressources humaines sont désormais un secteur clé pour le succès de l’entreprise et elles ont intégré des spécialistes dans des secteurs de pointe comme la santé et la sécurité au travail, la rémunération, l’immigration, les systèmes technologiques et la formation », explique Marie-José Guilbault, la DRH de l’entreprise.

Le statut de multinationale du cirque transforme en effet la gestion des ressources humaines : « En quinze ans, nous avons migré des informations réparties sur des tableurs Excel – dans le meilleur des cas – et de vieilles applications plus ou moins fiables vers une plateforme unifiée sous SAP », a confié récemment le directeur des opérations du cirque, Charles Decarie, au site silicon.fr, avant de préciser que SAP aide « à consolider nos activités en temps réel dans plus de 40 pays ».

Marie-José Guilbault précise que le cirque délocalise ses RH au besoin : « Nous avons huit spectacles à Las Vegas et donc une équipe satellite sur place qui veille aux opérations de ressources humaines pour le Nevada ».

La grande différence entre les RH du cirque et celles d’une autre société vient du fait que 1 300 salariés sont des artistes, issus d’une quarantaine de pays. Si tous se prêtent à une évaluation de la performance, celle des artistes est différente. « La gestion des ressources humaines au Cir– que du Soleil exige beaucoup plus de flexibilité qu’ailleurs […] La mobilité internationale des employés est très grande et impose, elle aussi, un traitement particulier. Il est très difficile d’appliquer des programmes standards sans y apporter notre touche », souligne la DRH.

Si le cirque a souvent été loué pour ses conditions salariales, il a pourtant laissé des éclopés sur son passage. Des artistes se sont plaint des efforts demandés qui ont causé des blessures les obligeant à quitter l’entreprise, sans guère de choix. Faux, réplique le cirque : « Le Cirque du Soleil offre aussi aux artistes qui désirent abandonner la scène sans vouloir nécessairement nous quitter, de faire une transition au sein de l’entreprise comme entraîneur, dépisteur de talents, physiothérapeute. Nous remplaçons annuellement 12 % à 15 % de nos 1 300 artistes pour des raisons diverses », signale la responsable des relations publiques du Cirque, Chantal Côté.

Prudente, l’entreprise s’est structurée de façon à éviter les contestations. Au Cirque du Soleil, on ne veut pas de syndicats. Les artistes « ont tout de même peu de recours, peu de sécurité et ils ne sont pas syndiqués. Le syndicat et le monde du cirque ne font pas bon ménage depuis fort longtemps. Une tentative de l’union des artistes en ce sens a déjà échoué avec les employés du Cirque du Soleil », conclu l’auteur Jean Beaunoyer dans son livre Dans les coulisses du Cirque du Soleil, publié aux éditions Québec Amérique. En grandissant trop vite, le cirque réinventé a peut-être trop privilégié le business sur l’humain.

LE DEVOIR Déprime chez les agents du chômage

Les agents de Service Canada, l’organisme canadien chargé de répondre aux chômeurs, dépriment. Près de trois quarts des agents subissent des violences verbales de la part des chercheurs d’emploi. Cette détresse psychologique serait due à la réforme du chômage par Ottawa. Le gouvernement conservateur obligerait les agents à utiliser tous les moyens pour que les chômeurs ne demandent pas de prestations. 11 février 2015. Le Devoir, quotidien montréalais indépendantiste.

LES AFFAIRES Le syndicat de Bombardier s’inquiète

Alors que Bombardier vient de remplacer son Pdg Pierre Beaudoin à la suite de résultats médiocres, les syndiqués du constructeur aéronautique et ferroviaire craignent une vague de licenciements. En 2013, Bombardier a supprimé 1 700 emplois puis 1 800 l’an dernier. Le syndicat de la division aéronautique a exprimé ses craintes. 12 février 2015. Les Affaires, hebdomadaire économique.