« Nous avons déployé notre RSE dans le cadre d’un projet de transformation de l’entreprise, explique Jean-François Schoonheere, directeur du développement des RH chez Bouygues Immobilier (1 600 salariés, 70 % de cadres). La façon dont nous abordons notre business s’est complexifiée : nous avons une multitude d’experts et toujours plus de partenaires. Il nous fallait trouver un moyen d’être plus agile. »

Officiellement lancé en juillet 2014 à Bordeaux lors d’une convention qui a fixé le cap pour 2020, BIWe, c’est le nom de la plate-forme choisi par les collaborateurs, a été intégré à l’intranet, support d’une information plus institutionnelle et déjà doté de briques collaboratives (publications, likes). Un nouvel outil qui n’a pas été pensé comme un simple canal de communication supplémentaire, mais comme un des leviers du changement.

L’objectif est de mieux partager l’information et de générer de la transversalité dans l’entreprise. « Personne ne peut se prévaloir de tout savoir, insiste Jean-François Schoonheere. En facilitant la mise en relation, nous espérons favoriser un environnement de travail apprenant, mais aussi voir émerger de nouvelles façons de travailler et une autre posture managériale, hors du classique schéma top-down. »

Au vu des retours d’expérience d’autres entreprises, la conduite du projet a été mise entre les mains d’un comité de pilotage tripartite incluant la DSI pour le choix de la solution technique (en l’occurrence Yammer de Microsoft), la direction de la communication et la DRH – siégeant toutes deux au comité stratégique de Bouygues Immobilier. Une démarche collaborative associant les expertises de chacun, représentative du « faire ensemble » qu’entend mettre en avant le promoteur immobilier, commente le directeur du développement des RH.

Trois mois avant son déploiement officiel, le nouveau réseau a fait l’objet de trois pilotes lancés auprès de communautés commerciales, fonctionnelles et opérationnelles afin qu’elles en testent les fonctionnalités. De quoi alimenter la plate-forme en contenus et démontrer ensuite son intérêt auprès de l’ensemble des collaborateurs, en valorisant les témoignages des « pionniers ».

Par ailleurs, « nous avons fait monter en compétences deux collaborateurs des RH et de la communication, qui assument les rôles d’administrateur et de community manager, ajoute-t-il. Ils accompagnent les premiers pas des salariés sur la plate-forme et s’occupent de la modération a posteriori, car nous avons choisi de faire confiance aux utilisateurs. » Une charte a toutefois été rédigée à leur intention, et le règlement intérieur, modifié pour intégrer cette nouvelle donne.

Selon Jean-François Schoonheere, BIWe affiche aujourd’hui quasiment complet en termes d’adhésions et abrite 150 communautés de projet (par essence éphémères), de métier et d’intérêt. « Nous avons un taux d’engagement – contributions et likes – de l’ordre de 30 à 40 % », ajoute-t-il. Mais il encore trop tôt pour tirer les premiers enseignements de cette expérience. Après la phase de lancement, la dynamique d’adoption est, selon lui, en train de se consolider. « Nous pensons que le réseau collaboratif nous permettra de réduire de manière significative le nombre de mails, au profit d’une consommation en ligne de l’information en fonction des besoins. Pour l’instant, nous avons encore tendance à dupliquer cette information dans des mails, qui devraient avoir un usage plus formel et plus ciblé. »

D’où l’importance de l’accompagnement du changement, qui va bien au-delà des communications répétées sur l’utilité et les usages du réseau social. Pour développer un modèle de leadership plus collaboratif, moins centré sur le contrôle des tâches, l’entreprise a adapté ses cursus de management et son référentiel interne. Et proposé à 55 cadres supérieurs un « 360° » débriefé par un coach externe, afin qu’ils puissent se positionner sur ce référentiel et bénéficier, le cas échéant, de formations ciblées. Autre levier : la mise en valeur des communautés, celle consacrée à la veille concurrentielle ayant été à l’honneur lors de la dernière « journée de managers ».

BIWe peut-il être un atout pour les ressources humaines ? « La DRH en tire déjà parti en termes de lien social et de marque employeur, considère Jean-François Schoonheere. Cela conforte notre image d’entreprise innovante, en phase avec ses pratiques internes. Outil de « mobilisation de l’intelligence collective », il permet aussi d’en identifier les meilleurs contributeurs pour les valoriser. Une reconnaissance certes symbolique mais qui « peut devenir un gage d’évolution ou de promotion interne. ».

Activité

Promoteur immobilier.

Effectif

1 600 collaborateurs, dont 90 % en France.

Chiffre d’affaires 2013

2,5 milliards d’euros.