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Sur le terrain

AUTRICHE : L’HÔTEL MAGDA, UNE PASSERELLE VERS L’EMPLOI POUR LES RÉFUGIÉS

Sur le terrain | International | publié le : 17.02.2015 | Luc ANDRé

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AUTRICHE : L’HÔTEL MAGDA, UNE PASSERELLE VERS L’EMPLOI POUR LES RÉFUGIÉS

Crédit photo Luc ANDRé

L’organisation catholique Caritas veut faciliter l’insertion professionnelle des réfugiés, en ouvrant un hôtel qui emploie des personnes ayant un passé d’exil. Ses méthodes de recrutement et de gestion ont été adaptées.

A un jet de pierre de la grande roue du parc du Prater, emblème de la capitale autrichienne, se trouve le poste de travail de Dinis. Depuis la mi-février, ce Bissau-Guinéen de 28 ans œuvre derrière le comptoir de réception du nouvel hôtel Magda. Sa vingtaine de collègues originaires de seize pays ont un statut de réfugié ou assimilé. À l’exception des chefs de service, tous ont fui leur pays d’origine pour des raisons politiques. L’établissement de 78 chambres, géré par la section viennoise de l’organisation catholique Caritas, fait travailler des réfugiés et des demandeurs d’asile.

Projet d’entreprenariat social, l’hôtel Magda a des objectifs de rentabilité comme ses concurrents traditionnels. Mais les méthodes de gestion et de recrutement ont été adaptées aux collaborateurs. Caritas n’en est pas à son coup d’essai. L’organisation, homologue du Secours catholique français, gère déjà un restaurant et une cantine sur ce principe dans la capitale autrichienne.

La motivation d’abord

Lors des entretiens d’embauche, les recruteurs ont examiné les expériences accumulées, mais un premier passage dans l’hôtellerie « n’était pas nécessaire », assure Ariane-Theresa Gollia, la responsable marketing de l’hôtel. La motivation et le caractère des candidats ont primé. Pour les novices, des hôtels partenaires de Vienne ont organisé des stages.

« Beaucoup de réfugiés ont des problèmes avec la langue. C’est un obstacle pour l’embauche », raconte Dinis, dans un allemand quasiment parfait. Ici, seuls les personnels en contact avec la clientèle, comme lui, devront afficher un bon niveau (B2).

Gestion interculturelle

Avec la diversité des origines des collaborateurs, une gestion interculturelle est « cruciale », insiste la responsable marketing. Tous les chefs de service ont, par leurs origines ou leur parcours professionnel, une expérience de l’étranger. Pour souder l’équipe, chaque employé sera invité à présenter des aspects de sa culture. Compte tenu des traumatismes vécus par les réfugiés sur la route de l’exil, l’hôtel « aura un coach dans ses murs » pour faire face aux situations délicates, précise Ariane-Theresa Gollia.

Autre différence avec une entreprise traditionnelle, l’établissement ne cherche pas à fidéliser ses salariés. « Nous serons heureux si quelqu’un veut continuer l’aventure dans une autre maison. Un nouveau aura alors la possibilité de travailler chez nous », explique la responsable. Les candidats ne manqueront pas : fin décembre, 13 700 réfugiés et assimilés recherchaient un emploi en Autriche.

Arrivé dans le pays en 2003, Dinis veut stabiliser sa situation. Après avoir attendu des années la réponse à sa demande d’asile, il a obtenu un titre de séjour provisoire. « Je veux être un modèle pour les nouveaux arrivants », dit le jeune homme, qui a aussi connu les tentations de l’oisiveté avec quelques euros en poche. Une affaire de stupéfiants lui a valu un court séjour en prison et ouvert à la sortie, grâce au travail effectué en détention, le chemin d’une formation en hôtellerie. « Avec ce projet, on peut montrer que les réfugiés ne sont plus supportés par le contribuable », relève le réceptionniste.

La remarque a son sens dans le contexte autrichien. Réfugiés et demandeurs d’asile sont depuis des années la cible des critiques de l’extrême droite, troisième force politique du pays. Le projet a un arrière-plan politique assumé par Caritas. Cette volonté s’exprime dans le recrutement, à partir de l’automne prochain, de jeunes demandeurs d’asile en tant qu’apprentis, seule possibilité ouverte par la réglementation autrichienne. « Nous pensons que cela aura un effet positif sur leur dossier de demande. Débuter une formation démontre la volonté d’intégration », sourit Ariane-Theresa Gollia.

DANS LES MÉDIAS

DIE PRESSE Hausse de l’âge moyen de départ à la retraite

En 2014, les Autrichiens sont partis à la retraite en moyenne à 59 ans et 7 mois. La hausse de 13 mois s’explique principalement par une réforme de la pension d’invalidité qui sort cette catégorie d’actifs des statistiques. Sans ce type de retraite anticipée, l’âge moyen a été relevé de deux mois à 61 ans (62,7 ans en France en 2013). Pays vieillissant, l’Autriche cherche à augmenter le taux d’activité des seniors ; les demandes de liquidation de pension ont baissé de 15,6 % par rapport à l’an dernier. 19 janvier 2015, Die Presse, quotidien généraliste. Tirage : 91 000 exemplaires.

PROFIL La géolocalisation d’un salarié en arrêt maladie devant la justice

Un employeur a-t-il le droit de faire géolocaliser un salarié soupçonné de tricher sur un arrêt maladie ? La justice autrichienne devra se prononcer bientôt sur un cas d’espèce. Un distributeur d’articles de sport a fait poser par un détective privé une balise GPS sur le véhicule d’un de ses employés arrêté pour burn-out. Estimant la maladie diplomatique au vu des résultats de la surveillance, la direction a licencié le père de famille de 42 ans.

26 janvier 2015, Profil, hebdomadaire généraliste. Tirage : 90 000 exemplaires.

Auteur

  • Luc ANDRé