On connaît les liens entre la perte d’emploi, la dépression, les problèmes familiaux, voire le suicide. On réfléchit moins souvent aux conséquences négatives du chômage sur la santé physique : risques cardiovasculaires et de cancer accrus, mais aussi pathologies articulaires, par exemple, liées à une hygiène de vie détériorée et à l’abandon de l’exercice physique. L’espérance de vie des chômeurs est réduite d’un an par rapport à celle de personnes qui n’ont pas connu de période d’interruption d’emploi (Santé au Travail n° 67, avril 2009). Pourtant, la santé des chômeurs semble n’intéresser personne, celui-ci étant frappé de cette invisibilité qui affecte les personnes dès lors qu’elles ne peuvent se constituer en groupes d’intérêts représentatifs.

Selon l’auteur, psychiatre, tant pour des raisons sociales qu’économiques, l’État aurait pourtant intérêt à mettre en place des dispositifs de suivi et de prévention de la santé hors travail, puisque la médecine du travail s’arrête avec l’emploi, c’est-à-dire au moment où le risque sanitaire augmente. Il préconise une organisation fondée, au libre choix de la personne, sur le réseau des médecins du travail ou sur la médecine privée, à condition qu’il s’agisse d’un processus contraignant avec visite médicale obligatoire dans les trois mois qui suivent la perte d’emploi puis, selon les cas, visite de contrôle dans les six mois ou dans l’année qui suit. L’information sur les risques liés à la perte d’emploi devrait d’ailleurs permettre que ce suivi devienne une cogestion avec l’ex-salarié des problèmes relatifs à sa santé et contribuerait également à améliorer l’employabilité des intéressés.