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L’enquête

BOSCH : CONTRÔLER LES ÉCARTS DE SALAIRES CHEZ LES CADRES

L’enquête | publié le : 17.02.2015 | Domitille Arrivet

En 2008, l’équipementier a voulu mettre fin à l’idée reçue selon laquelle les femmes seraient, dans l’entreprise, comme dans la moyenne nationale, payées 25 % de moins que les hommes. Un travail de démonstration construit avec l’Apec.

Chez Bosch, en France, le sentiment d’une inégalité des salaires entre les hommes et les femmes a longtemps été répandu dans l’entreprise. « 25 % d’écart de rémunération, chiffre couramment relayé par les médias, ne reflétait pas notre réalité : il fallait pouvoir comparer ce qui est comparable », s’élève Dominique Olivier, le DRH de cette filiale du groupe industriel allemand Robert Bosch qui, pour lutter contre cette perception non justifiée qu’avaient alors les partenaires sociaux, a proposé de faire appel à l’Apec pour lancer un travail d’évaluation : « Nous n’étions pas équipés en interne, et les représentants du personnel sont convenus qu’une institution paritaire et indépendante garantirait l’objectivité des résultats », explique le DRH.

L’analyse statistique, conduite sur la base des fiches de paie et des dossiers administratifs des collaborateurs, s’est concentrée sur la population cadre – la population ouvrière, soumise à des grilles de salaires, étant peu sujette aux écarts inexpliqués.

« La méthode de mesure par la variance que nous avons établie devait souligner les écarts, toutes choses égales par ailleurs », détaille Dominique Olivier. Ainsi, ont été passées au peigne fin les rémunérations en fonction de l’âge, du sexe, de la nationalité, du handicap, de l’ancienneté, de l’historique des évolutions professionnelles et, enfin, de la formation initiale et continue, afin de pouvoir les distinguer des écarts mécaniques liés aux différences de niveau de qualification, de temps de travail ou d’ancienneté.

Le travail de recueil des données a ensuite été complété par des entretiens individuels en face à face avec les salariés volontaires de l’ensemble des sites concernés, et toutes catégories confondues.

Ce tour d’horizon, conduit dans les locaux de Bosch durant deux mois, a alors permis de mettre en exergue que la variable sexe était celle qui avait le plus d’incidences sur les écarts de rémunérations. En cause ? Les congés de maternité ou parentaux, à l’issue desquels les inégalités de salaire se creusent.

Au siège administratif de Saint-Ouen (93), où la proportion de cadres est importante, l’Apec relevait alors, que si en dessous de cinq ans d’ancienneté aucun écart de salaire n’apparaissait, au-delà de dix ans, il grimpait à 6 %, puis à 10 % après quinze ans.

L’étude pointait également que, lorsque les hommes accédaient à une promotion tous les 4,2 ans, les femmes devaient, elles, attendre 4,7 ans.

SOUTIEN À LA PROMOTION DES FEMMES

Pour corriger ces travers, Bosch s’est alors attelé à soutenir la promotion des femmes, leur accès à la formation, et la conciliation entre leur vie privée et leur vie professionnelle – qu’elles soient cadres ou ouvrières, en signant avec ses organisations syndicales un accord sur trois ans stipulant un alignement automatique des augmentations des femmes cadres en congé maternité ou parental sur la moyenne des augmentations individuelles, et un soutien de la promotion des femmes. Un engagement assorti d’une mesure annuelle des résultats destinée à contrôler l’avancée vers l’objectif fixé de 25 % de recrutements de femmes dans l’entreprise (22 % en 2008) et même 40 % parmi la population cadre.

Selon le DRH, ce volontarisme a porté ses fruits : « Le plafond de verre a été rompu. Grâce à cette discrimination positive qui a requis un engagement fort de la direction, nous comptons aujourd’hui 3 femmes parmi nos 27 dirigeants. Il n’y en avait pas une dix ans plus tôt, se félicite-t-il. Or, dans notre secteur industriel, il n’est pas simple d’attirer les femmes. »

REPÈRES

Activité

Technologies et services

Effectif France

6 500 salariés.

Chiffre d’affaires France

2,7 milliards d’euros en 2012.

Auteur

  • Domitille Arrivet