De financière à son origine, en 2008, la crise est devenue globale. Elle touche à la fois l’économique, le social, l’environnement. Malheureusement, les solutions mises en œuvre pour la combattre tendent à aggraver le mal, selon les économistes atterrés, qui publient leur second manifeste. Pour ce collectif de spécialistes qui dénoncent les méfaits du capitalisme, les décideurs n’ont rien voulu apprendre de la crise et se montrent même d’autant plus arrogants qu’ils se sont trompés. Leur logique est à peu près la suivante : puisque les recettes du libéralisme posent problème, il faut encore plus de libéralisme pour les résoudre. Puisque le capitalisme financier se fait au dépit de l’investissement productif et que cela menace la survie à long terme de nombre d’entreprises, il faut pressurer celles-ci davantage pour en obtenir du profit à court terme.

Au lieu de coordonner leurs politiques économiques et sociales, les pays européens se livrent une concurrence féroce pour capter les investissements, les parts de marché et les emplois. Les leçons de la crise écologiques ne sont pas davantage tirées. Les dirigeants, toutes tendances politiques confondues, s’accrochent aux mesures d’austérité et de productivisme qui creusent les inégalités. Si le néolibéralisme perdure, c’est qu’il est devenu une sorte de mythe qui semble ne laisser aucune place à des politiques alternatives. Rendre celles-ci possibles, c’est-à-dire d’abord envisageables, suppose un travail préalable de démythification voire de démystification.