Le travail au noir répond certes à des enjeux économiques pour le salarié qui s’y livre, mais également à des enjeux en termes de reconnaissance et d’estime de soi. Selon l’auteur, collaborateur scientifique à l’Institut du management des villes et des territoires de la Haute école de gestion Arc de Neuchâtel, le travail dissimulé ne peut être réduit à la seule fraude. La dissimulation est, pour eux, justifiée comme une nécessité collatérale liée au mauvais fonctionnement d’un système social qui ne leur reconnaît pas la possibilité d’exercer un emploi pour lequel ils s’estiment compétents ou dont l’exercice légal ne leur apporte pas des revenus suffisants selon eux.

Par ailleurs, l’auteur note que le travail dissimulé ne s’oppose pas au travail légal, mais s’imbrique avec lui dans la mesure où il représente en quelque sorte l’état optimal de la concurrence sur l’offre de travail. Comme si, dans cette épure, le prix du travail pouvait être débarrassé des charges sociales qui en pénalisent le coût. Mais, évidemment, cette tentative d’être reconnu au double plan de sa compétence et de la rémunération de son effort tend à enfermer le salarié au noir dans une méconnaissance plus grande que celle à laquelle il prétend échapper, puisqu’il s’agit d’un travail dissimulé qui le maintient dans la précarité.