logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

L’enquête

SADE : OPTIMISATION TOUS AZIMUTS

L’enquête | publié le : 27.01.2015 | CHRISTIAN ROBISCHON

Faire aussi bien avec un budget formation mécaniquement revu à la baisse à cause de la réforme : le groupe de travaux publics se fixe ce cap pour 2015.

Responsable formation de la Sade (12 000 salariés dont 4600 en France pour un chiffre d’affaires 2013 de 1,4 milliard d’euros), Jérôme Kujawa a fait précisément ses comptes : la réforme de mars dernier va se traduire par une baisse relative du budget formation de quelque 20 %. Explication : « Comme la nouvelle contribution unique de 1 % n’inclut pas le plan de formation, il faudra verser 1,9 % là où avant, on atteignait 1,6 % en additionnant plan, professionnalisation et CIF. Autrement dit, il manque 0,3 point de financement, soit près de 20 % par rapport au 1,6 de référence », expose-t-il. L’écart se retrouve proportionnellement dans le budget formation final de l’entreprise : « Au lieu d’investir 3 % de la masse salariale, nous serons à 2,5 % », annonce le responsable formation.

La direction générale de l’entreprise a bien pris conscience du problème. Mais, dans le contexte économique difficile que traverse son secteur d’activité, elle a donné mission à son service formation de trouver les voies d’optimisation sans rallonge budgétaire. Autrement dit, faire – presque – autant qu’avant, avec moins. « Notre comité directeur a prôné un changement d’approche : non plus se contenter de voter un volume de dépenses, mais savoir utiliser les leviers disponibles au maximum de leur potentiel. Au final, cette stratégie devrait permettre de “récupérer” la moitié de l’écart budgétaire », souligne Jérôme Kujawa.

UTILISATION MAXIMALE

Premier visé : le CIF. Il était utilisé par moins de dix personnes, loin donc de “rentabiliser” son 0,2 % de contribution obligatoire d’avant la réforme. Le plan 2015 vise à parvenir à plusieurs dizaines de bénéficiaires. « Nous allons fortement promouvoir les bilans de compétences et remettre un coup de collier sur la VAE, encore peu utilisée malgré une communication régulière sur le sujet », complète Jérôme Kujawa. La Sade vise aussi une utilisation maximale du CPF pour son personnel ouvrier, malgré le nombre réduit de formations prévues à ce jour, dans ce nouveau cadre, pour cette catégorie au niveau de la branche. Elle espère inscrire 50 opérateurs cette année. « Nous avons repéré une intéressante qualification de chefs de chantier, mais, malheureusement, la formation dure plus de 300 heures… L’offre est par contre abondante pour les cadres et les Etam grâce à la réponse très réactive des universités, qui ont su parfaitement caler des modules de master dans la grille du CPF. Tant mieux pour ces populations, mais c’est un dévoiement de l’esprit de la réforme, qui entend favoriser la promotion sociale », pointe le responsable formation.

À la Sade, l’optimisation budgétaire se traduira aussi par une augmentation du recours à l’elearning et à la relance d’une dynamique de formation interne, que l’entreprise juge très bien adaptée aux sujets les plus techniques liés aux métiers.

« Nous sommes prêts à un investissement de départ dans la formation de formateurs. Il s’amortira par les très bons résultats constatés des formations en interne », indique-t-il. L’entreprise compte actuellement 49 formateurs maisons.

Sur le choix d’option pour le CPF en 2016, l’entreprise n’a pas encore tranché entre gestion interne et versement à Constructys, son Opca. Mais son cœur balance plutôt du côté de la première variante, rapporte Jérôme Kujawa. « La conservation en interne présente l’avantage de l’autonomie de gestion des fonds, mais l’engagement ferme sur trois ans qu’elle implique mérite réflexion, et il faudra s’assurer qu’elle n’engendrera pas de complexité administrative. »

FINANCEMENT CONVENTIONNEL

Enfin, en ce qui concerne un hypothétique financement conventionnel de branche, la Fédération nationale des travaux publics a répondu à Jérôme Kujawa, le 18 décembre, que « le projet d’accord FPC n’a obtenu aucune signature des organisations syndicales. Il n’y a donc aucun accord conventionnel : ni pour le bâtiment, ni pour les travaux publics. Il nous reste juste à analyser les conséquences sur les entreprises du BTP de moins de 10 salariés. Les entreprises de plus de 10 salariés peuvent cependant faire des versements volontaires. »

Auteur

  • CHRISTIAN ROBISCHON