C’est la conjonction d’une double mobilisation qui explique l’effort de pro-fessionnalisation sans précédent dans le secteur touristique en Languedoc-Roussillon. La première impulsion vient des branches (offices de tourisme, hôtellerie de plein air, plaisance, hôtellerie-restauration, etc.), confrontées à une forte montée de la concurrence et à un bouleversement des pratiques professionnelles sous l’effet de l’essor rapide d’Internet. La seconde vient des acteurs locaux, en particulier les Maisons de l’emploi et la région Languedoc-Roussillon. Ils ont pris conscience de la nécessité de soutenir une filière touristique au fort potentiel économique : 59 000 emplois (équivalents temps plein), dont un tiers de saisonniers, et un chiffre d’affaires global de 7 milliards d’euros, soit 15 % du PIB régional, notamment grâce à la progression de l’hôtellerie de plein air haut de gamme.

Cet élan en faveur de la professionnalisation bénéficie avant tout aux salariés. Les offices de tourisme et syndicats d’initiative, qui emploient 800 permanents, forment un grand nombre d’entre eux (558 stagiaires en 2013) sur de multiples thèmes, de la connaissance du patrimoine local à la pratique des langues étrangères, grâce aux financements d’Agefos-PME et de la région Languedoc-Roussillon. Ces derniers ont également apporté les fonds nécessaires aux premières actions communes de formation déployées en 2014 dans 21 ports de plaisance. Destinées en priorité à leurs 273 salariés, elles sont également ouvertes aux employés d’offices de tourisme et des entreprises de nautisme installés sur les mêmes sites. Une centaine de stagiaires se sont inscrits. Même dynamisme dans l’hôtellerie-restauration (26 000 salariés), où la Fafih (Opca de l’hôtellerie, de la restauration et des activités de loisirs) compte plus de 600 salariés engagés dans ses actions collectives en 2014.

Autre programme majeur : les actions de formation interbranche de la filière touristique et des “secteurs connexes”, financées à 80 % par une convention FNE et par Agefos-PME. Plus de 270 salariés se sont formés cette année sur dix thèmes (relation client, management, logiciel Unicamp, bureautique, entretien, hygiène alimentaire…).

Dans un secteur touristique qui connaît toujours des difficultés de recrutement et un fort turnover, la démarche de professionnalisation vise également les demandeurs d’emploi, en priorité ceux qui ont déjà travaillé comme saisonniers dans un camping, un hôtel, un restaurant. En septembre et octobre 2014, ils ont été la cible d’une vaste opération de sensibilisation à la formation conduite par Pôle emploi Languedoc-Roussillon et ses partenaires (les Opca, les acteurs de l’insertion et de l’emploi, la région…). Ceux-ci ont organisé sept forums entre Nîmes et Perpignan. Au total, 350 ex-saisonniers ont été reçus, la plupart porteurs de projets précis. Des spécialistes les ont aiguillés sur les parcours de formation, les financements et les débouchés possibles.

L’objectif majeur est de fidéliser les plus motivés en les aidant à se qualifier. En 2014, Pôle emploi et Agefos-PME Languedoc-Rous-sillon ont recruté 140 saisonniers dans neuf préparations opérationnelles à l’emploi collectives (POEC, entre 300 et 400 heures de formation) pour les métiers d’agent d’entretien et d’hygiène, de gouvernante, d’agent de maintenance nautique, d’animateur loisirs et sport, et de community manager. « Ces POEC sont conçues en fonction des besoins des entreprises que nous avons détectés au cours de nos enquêtes de terrain », explique Philippe Mazza, directeur d’Agefos-PME Langue-doc-Roussillon. Les employeurs participent au recrutement. La formation se déroule dans une entreprise. Et la mobilité, souvent faible, des stagiaires est prise en compte. Résultat : un taux de remplissage de 96 % et un taux d’insertion de 80 %, d’après Pôle emploi. L’hôtellerie de plein air et Agefos-PME mobilisent un dispositif plus ambitieux encore, le CDI emploi formation (1000 heures de formation sur cinq ans), avec un cofinancement du FPSPP. Treize contrats sont déjà signés pour former des ouvriers qualifiés de maintenance et des managers d’équipe d’animation ou d’entretien. Et ce n’est qu’un début. La volonté est de prolonger ces initiatives en 2015, avec le soutien du FPSPP.

Ce dynamisme est ancré dans la durée. Dès 2009-2010, les offices de tourisme de l’Hérault, du Gard et de l’Aude adoptaient la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, d’où ont émergé leurs premiers programmes communs de formation, avec le soutien de leur Opca, Agefos-PME. Au même moment, la Fafih proposait ses premiers catalogues d’actions interentreprises ciblant en priorité les structures de moins de 50 salariés. Ces deux Opca ont également participé activement à des actions locales lancées en 2012 par six Maisons de l’emploi du Gard et de l’Hérault : des diagnostics emplois-compétences auprès de centaines d’entreprises de l’hôtellerie de plein air, de l’hôtellerie-restauration, du nautisme, des activités sportives et du commerce. Cette initiative a permis de mettre au point un catalogue de formations collectives interbranche sur mesure, mais aussi les premières préparations opérationnelles à l’emploi collectives du secteur. Début 2013, l’Union des villes portuaires s’engageait dans la même voie avec une vingtaine de ports de plaisance, afin de développer l’attractivité des escales.

Enfin, il y a un an, le conseil régional du Languedoc-Roussillon votait un “schéma régional emploi formation tourisme” pour fixer un cadre d’ensemble à son action, en cohérence avec sa politique de développement d’un tourisme plus qualitatif sous la marque “Sud de France”, lancée en 2006.