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Sur le terrain

MAROC : 2015, ANNEE DE LA REFORME DES RETRAITES ?

Sur le terrain | International | publié le : 20.01.2015 | Marie Cadoux

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MAROC : 2015, ANNEE DE LA REFORME DES RETRAITES ?

Crédit photo Marie Cadoux

L’équilibre du régime de retraite du public nécessite une réforme qui prévoit de repousser l’âge de départ, d’augmenter les cotisations et de changer les règles de calcul. Un projet de loi est prêt. Mais le régime du privé attend aussi, depuis 2010, une profonde réforme.

Urgence. C’est le mot qui revient sur toutes les lèvres quand on évoque l’épineux dossier des régimes de retraites au Maroc. Cette urgence concerne tout d’abord la Caisse marocaine des retraites (CMR), l’un des quatre principaux régimes que compte le pays. Pour la première fois en 2014, la CMR, organisme qui gère les pensions de retraite des fonctionnaires titulaires de l’État (civils et militaires) et des collectivités locales, a terminé l’année dans le rouge. Son déficit s’élève à 117 millions d’euros. Si rien n’est fait, les réserves de la CMR seront totalement épuisées à l’horizon 2021.

Le scénario catastrophe fait frémir. À l’origine de cette situation, la générosité du régime, qui offre pour chaque année de cotisation une annuité de 2,5 %, prévoit un départ à la retraite à l’âge de 60 ans et permet de partir avec une pension dont le montant est calculé sur la base du dernier salaire brut. Le taux de remplacement peut atteindre 100 % au bout de seulement trente à trente-cinq ans de carrière. La pérennité de ce régime par répartition est d’autant plus compromise que le rapport démographique des fonctionnaires est passé de 12 actifs pour un retraité en 1986, à 6 en 2001, 3 en 2012 et devrait atteindre 1 dès 2024, année à partir de laquelle le régime comptera plus de retraités que de cotisants.

Départ à 65 ans

Cette situation a poussé le gouvernement dirigé par l’islamiste modéré Abdelilah Benkirane à présenter un projet de loi. Les principaux éléments de la réforme paramétrique portent sur le relèvement de l’âge de départ à la retraite à 62 ans à compter du 1er juillet 2015, pour atteindre 65 ans à l’horizon 2021 ; l’augmentation de la cotisation de 20 % à 28 % partagée à parts égales entre l’État employeur et les fonctionnaires affiliés d’ici à 2016 ; l’adoption du salaire moyen des huit dernières années de service comme base de calcul pour la pension ; et enfin, la baisse du ratio d’annuité de 2,5 % à 2 %.

Prudent, le chef de gouvernement a saisi le 1er août 2014 le Conseil économique, social et environnemental afin qu’il émette un avis sur ce projet. Dans un rapport rendu le 30 octobre 2014, l’instance consultative confirme l’urgence de la réforme et préconise un relèvement progressif de l’âge de la retraite de six mois par an pour le fixer à 63 ans en 2020. « Avec les mesures proposées, les difficultés de la CMR sont repoussées d’une dizaine d’années. Il s’agit de mesures d’urgence qui ne remettent pas en cause la nécessité d’une réforme globale du système des retraites », insiste Mohammed Bachir Rachdi, membre de l’institution et rapporteur de la commission permanente chargée des affaires économiques et des projets stratégiques.

Car un rapport de la Cour des comptes de 2013 pointe aussi un déficit du régime obligatoire de base destiné aux salariés du privé et géré par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) à l’horizon 2021.

Au Maroc, où seulement 37 % de la population active occupée bénéficie d’une couverture retraite à fin 2013, le financement des retraites n’est pourtant pas un sujet récent. Il y a onze ans, en janvier 2004, était instituée une commission nationale chargée de la réforme des systèmes de retraite. Ses travaux ont été finalisés en 2010, mais ils sont depuis restés lettre morte. L’année 2015 marquera-t-elle un tournant ? Le projet de loi destiné à sauver la CMR devait entrer en vigueur au début de cette année mais il n’a pas encore été déposé au secrétariat général du gouvernement, ce qui retarde son examen devant le Parlement : l’heure est autant à l’urgence qu’à l’expectative… Or, l’ampleur du déficit attendu ne laisse pas de marbre les institutions internationales. À commencer par le FMI, qui presse le gouvernement de mettre enfin en œuvre une réforme.

DANS LES MÉDIAS

POSTE MAROC Le dialogue social encore peu fructueux

En 2014, la poste marocaine a encore subi une dizaine de grèves, preuve d’un dialogue social qui reste à approfondir. Noureddine Soulaik, secrétaire général de la Fédération nationale des postes et télécoms (affiliée au syndicat UMT) déplore que « les promesses qui nous ont été faites en 2011 n’ont pas été toutes tenues. » Les revendications portent sur des points tels que les indemnités de déplacement des facteurs, la promotion interne avec la prise en compte des diplômes des agents et les départs volontaires. 2 janvier 2015, La Vie éco, hebdomadaire.

BOMBARDIER Grève dans une usine marocaine

Le constructeur aéronautique canadien a connu son premier mouvement social au Maroc. Tout est parti du licenciement de cinq salariés qui venaient d’être élus au sein du bureau syndical, ce qui a entraîné une semaine de débrayage. Après concertation, deux salariés ont finalement réintégré le site de production, qui compte 109 employés. Bombardier a lancé en 2013 sa première usine marocaine près de Casablanca, où il prévoit d’employer 850 salariés d’ici à 2020. 19 décembre 2014, Médias24.com, site d’informations en ligne.

Auteur

  • Marie Cadoux